Amiens SC : Opoku, comme l’ombre d’un doute

Nicholas Opoku Amiens SC
Dave Winter/FEP/Icon Sport

Déjà peu rassurant durant la préparation estivale, Nicholas Opoku a sombré à Metz, où il a été directement impliqué sur deux des trois buts encaissés par l’Amiens SC. Un an après une opération du ligament croisé, le Ghanéen peine à revenir à son meilleur niveau. De quoi susciter de vraies interrogations alors qu’il est censé redevenir une pièce maîtresse de la défense amiénoise cette saison. Décryptage. 

Un coup d’arrêt brutal

Huit, soit le nombre de matches disputés par Nicholas Opoku la saison dernière. Onze, comme le nombre de mois durant lesquels le Ghanéen est resté éloigné des terrains entre avril 2021 et mars 2022. Depuis un an et demi, l’ancien joueur de l’Udinese peine à prendre la place qui était censée être la sienne au sein de l’effectif de l’Amiens SC. La faute à deux blessures successives au genou en l’espace de deux mois. La première en avril 2021, au début du marathon printemps du club picard avec pas moins de sept matches en l’espace de trois semaines, à la sortie d’une période d’isolement pour cause d’épidémie de Covid au sein du vestiaire.

Elément prépondérant de la défense centrale d’Oswald Tanchot depuis le début de saison, Nicholas Opoku se blesse alors au genou dans un duel avec Ayoub Ouhafsa. Et alors que le staff technique criant alors le pire, à savoir une rupture du ligament croisé du genou, le staff médical se veut plutôt rassurant à propos de la nature de la blessure. Initialement sur le flanc pour deux matches, le solide défenseur va finalement les huit dernières rencontres de la saison, incapable de reprendre l’entraînement collectif en raison d’un genou toujours aussi douloureux au fil des semaines. Pour autant, Amiens l’autorise à aller rejoindre sa sélection au mois de juin pour disputer deux matches amicaux.

Nicholas Opoku n’en fera qu’un et même pas dans son intégralité, le 8 juin 2021. En cause, une douleur toujours aussi tenace à ce même genou touché deux mois plus tôt face à Rodez. De retour en France après quelques jours de congés, il participe même aux deux premiers jours de stage au Touquet, avant d’être définitivement sorti du groupe. Le couperet tombe alors le 30 juin, Nicholas Opoku souffre d’une rupture du ligament croisé nécessitant une opération et une durée d’indisponibilité se chiffrant en mois. Mauvais diagnostic initial ? Blessure mal soignée ? Simple rechute imputable à la malchance ? Son cas a tout cas fait jaser en interne, renforçant un peu plus les tensions entre le staff médical et certains membres du staff technique.

Un retour difficile

De retour à l’entraînement au mois de décembre, plus tôt qu’initialement prévu, Nicholas Opoku est finalement autorisé par la direction du club à partir en vacances de manière anticipée, avant même la fin de la phase aller et alors qu’il devait suivre un protocole de reprise. A son retour, l’intéressé a perdu un temps assez précieux et peine à passer à la vitesse supérieure. « On le sent encore sur la retenue, confie Philippe Hinschberger début février 2022. Il est encore très prudent et ce n’est pas possible en Ligue 2 où il doit être en pleine possession de ses moyens. Il ressent le besoin de jouer, ce sera le cas en équipe réserve où il aura besoin de faire quelques matches. Sachant qu’on joue sur un terrain synthétique, ce ne sera pas ce week-end mais rapidement. »

Il a des aspirations, des demandes, c’est un garçon qui lorgne aussi la sélection, il a besoin de rejouer et je le comprends.

Finalement, Nicholas Opoku effectue bien son retour à la compétition lors de ce tout premier week-end du mois de février, le tout sur un terrain synthétique, à Marcq en Baroeuil. « Nicholas a eu l’accord du staff médical et il avait envie de jouer, précise Antoine Buron, l’entraîneur de la réserve amiénoise. Il y avait forcément un peu d’appréhension et de manque de rythme, mais il a été plutôt intéressant avec du calme et de la sérénité. Surtout, il n’a pas montré de fragilité ou de faiblesse par rapport à son genou, notamment par rapport à la surface de jeu. » Quinze jours plus tard et après une petite rechute l’empêchant d’enchaîner, le nouveau vice-capitaine de l’ASC disputait un deuxième et dernier match en équipe réserve lors du large succès contre Chantilly (0-3).

De quoi lui ouvrir à nouveau les portes du groupe en équipe première à partir du mois de mars. Convoqué pour la réception de Nancy puis entré en jeu lors de la déroute amiénoise à Toulouse, Nicholas Opoku accumule du temps de jeu jusqu’à faire son retour dans le onze de départ à Caen, le 16 avril 2022, soit quasiment un an jour pour jour après sa sortie sur blessure contre Rodez à la Licorne. « Pour moi, ça fait deux ou trois semaines qu’il est en état de faire un match avec nous, juge alors Philippe Hinschberger. Il a des aspirations, des demandes, c’est un garçon qui lorgne aussi la sélection, il a besoin de rejouer et je le comprends. » Ainsi, Nicholas Opoku est titulaire sur quatre des six derniers matches de la saison, dans l’optique aussi de retrouver des sensations pour l’édition 2022/2023.

Un avenir compromis ?

Ainsi, l’Amiens SC n’a pas à aller chercher bien loin quand il faut envisager le futur sans Mateo Pavlovic, désireux de relever un nouveau challenge en fin de saison dernière. En salle d’attente après une année blanche, Nicholas Opoku est naturellement envisagé pour prendre la suite et retrouver le rôle qui lui était dévolu lorsque le club picard a levé l’option d’achat assortie à son second prêt fin 2020. Aux côtés de Mamadou Fofana et Abdourahmane Barry, le Ghanéen est prédestiné à retrouver une position axiale au sein de la défense à trois, en mesure de lui permettre de retrouver progressivement toutes ses sensations.

Opoku Amiens SC
Adrien Rocher / Le 11 HDF

Ménagé lors du premier amical face à Ostende, en raison « d’un genou qui gonfle« , Nicholas Opoku était réintégré dès la deuxième rencontre face à Auxerre, disputant la première période dans son intégralité. Le point de départ d’une campagne estivale peu reluisante et rassurante. Donnant le sentiment d’être pataud pour ne pas dire lourd, Nicholas Opoku souffre dès qu’il doit défendre la profondeur. Quant à sa condition physique, elle pose question à chacune de ses réceptions au sol après des duels aériens. Et le dernier match amical contre QRM n’est pas de nature à dissiper les doutes, tant le Ghanéen donne le sentiment d’être en souffrance avec son corps.

L’Amiens SC et l’ombre de Moussa Konaté

Et la première sortie officielle de la saison, samedi dernier à Metz, ne fait que confirmer les doutes entourant Nicholas Opoku. Enrhumé d’un crochet sur le premier but messin, coupable d’une grossière erreur de relance sur le troisième but adverse et globalement fébrile sur l’ensemble de la rencontre, le numéro 4 de l’ASC a sans doute livré là son pire match depuis son arrivée au club en janvier 2020. De quoi se demander s’il parviendra à retrouver son meilleur niveau. Avant lui, Amiens avait déjà connu pareille mésaventure avec Moussa Konaté, auteur d’une saison 2017/2018 éblouissante avant d’être foudroyé dans son élan par une désinsertion de l’adducteur en octobre 2018.

Depuis, le Sénégalais n’a jamais retrouvé son meilleur niveau, la faute à une blessure mal soignée selon son entourage. Qu’importe la part de responsabilité de chacun, l’Amiens SC ne peut pas se payer le luxe d’avancer avec un prétendu taulier en grande difficulté sur le plan athlétique. D’autant plus dans un secteur de jeu où les solutions de repli ne sont pas légion, avec le seul Nathan Monzango en réserve dans l’optique où Jérémy Gelin est programmé pour jouer au milieu de terrain et Emmanuel Lomotey ciblé comme un candidat au départ. Espérons donc que Nicholas Opoku finisse par lever les nombreux doutes l’entourant à l’heure actuelle. C’est aussi tout le mal que l’on peut souhaiter au principal intéressé.

Romain PECHON

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