Organisé autour d’une défense à quatre depuis le début de saison, l’Amiens SC a changé de schéma de tactique avec succès, samedi lors de la victoire face à Valenciennes (3-0). En réflexion depuis quelque temps au sujet de la mise en place d’une défense à trois centraux, Philippe Hinschberger a fini par franchir le pas. Quitte à se brusquer autant si ce n’est plus que ses joueurs. Décryptage.
Philippe Hinschberger avait besoin « de se réveiller un peu »
Le changement a (parfois) du bon. Si le succès, le premier de la saison à domicile, face à Valenciennes restera marqué par le come-back réussi de Kader Bamba, ce match restera aussi celui qui a vu Philippe Hinschberger opter pour une défense à 3 (5 en phase défensive) pour la toute première fois de la saison. Un parti pris tactique qui n’a rien de naturel pour l’entraîneur de l’Amiens SC. « La dernière fois que j’ai joué avec une défense à trois, ça doit être il y a trois ans, affirme-t-il. J’utilise rarement ce schéma, c’était aussi pour me réveiller et réveiller un peu tout le monde. Après le match à Dijon je priais pour espérer que ça aille mieux ou bien je tentais quelque chose. »
Et Philippe Hinschberger a donc opté pour la deuxième option, à savoir l’action en revenant à un plan de jeu qui n’est pas sans rappeler celui adopté par Oswald Tanchot à partir de décembre 2020, avec à l’époque d’excellents résultats à la clé. Dans les faits, si son successeur n’est pas un adepte de la défense à trois, il avait néanmoins eu recours à cette option il y a moins de trois ans de cela, précisément le 24 janvier 2020 lors de la venue de Chambly au stade des Alpes de Grenoble, son précédent club. Ce jour-là, Jessy Benet était dans le rôle occupé par Arnaud Lusamba samedi soir, celui de meneur de jeu derrière deux attaquants. Un choix de courte durée à l’époque puisqu’il remettait en place son traditionnel 4-2-3-1 pour la venue de Troyes, une semaine plus tard.
De nouvelles solutions mais aussi de nouveaux problèmes
La donne pourrait être différente cette fois-ci, tant ce schéma semble correspondre aux points forts des cadres de son équipe, que ce soit Mateo Pavlovic en défense centrale, Mickaël Alphonse dans le couloir droit ou bien encore Arnaud Lusamba dans le cœur du jeu. « Quand on ne gagne pas les matches, on est tenté de changer les choses. Il fallait mettre les joueurs dans les meilleures dispositions, comme monter un peu nos pistons, détaille Philippe Hinschberger. C’était aussi pour changer notre animation offensive et jouer avec deux attaquants plutôt complémentaires (ndlr : Bamba et Badji). On a besoin de bien combiner, ce qu’on a plutôt mieux fait en seconde période. »
Le tout sans Chadrac Akolo ou bien encore Adama Diakhaby, qui étaient pourtant programmés en début de saison pour animer les ailes et qui n’ont pas débuté la rencontre face à Valenciennes. Et si le Congolais est entré en cours de jeu, l’ancien Monégasque n’était même pas sur la feuille de match. Il en était de même pour Matthieu Dossevi, qui soigne encore sa cheville et dont le retour à la compétition est espéré courant novembre. Avec seulement deux joueurs offensifs présents sur le terrain au coup d’envoi dans ce nouveau système de jeu (ndlr : 352), Philippe Hinscherger va donc avoir des choix forts à faire dans les prochaines semaines et à coup sûr de nombreuses frustrations à gérer.
La faute à un effectif qui était déjà déséquilibré avant même ce remaniement tactique, avec une surpopulation dans le secteur offensif et des choix extrêmement limités en défense, puisque seulement sept joueurs – en incluant Emmanuel Lomotey – sont aujourd’hui disponibles pour composer une arrière-garde à cinq éléments. Quoi qu’il en soit, dos au mur, Philippe Hinschberger a décidé de rompre avec ses habitudes et bien lui en a pris. Reste à savoir si cela peut fonctionner dans la durée pour permettre à l’Amiens SC de retrouver un classement plus en adéquation avec son standing. Premier élément de réponse samedi à Bastia.
Romain PECHON