Arrivé à l’Amiens SC pour redynamiser le couloir gauche, Kader Bamba évolue dans un rôle de deuxième attaquant depuis le passage en 3-5-2. Un peu partout et parfois nulle part à la fois, le joueur prêté par le FC Nantes donne parfois le sentiment de se disperser. Décryptage de la situation avec l’analyse de Philippe Hinschberger.
Un positionnement sur-mesure
Au Havre, Kader Bamba a encore une fois été décisif en obtenant le penalty permettant aux Amiénois de repartir avec un point de Normandie. Et même si son deuxième acte fut accompli, l’ailier de 27 ans n’a clairement pas réalisé son meilleur match depuis son arrivée en Picardie. « Il a raté sa première mi-temps, il était mal positionné, trop bas, analyse Philippe Hinschberger. Parfois, il vient marcher sur les pas de Matthéo Xantippe, parfois il est à l’intérieur du jeu et il doit éliminer trois joueurs, ce qui est dur. C’est vrai qu’il n’était pas dans les bonnes zones contre Le Havre, je le veux plus haut, comme en deuxième mi-temps. Il doit vraiment se positionner dans la zone qu’il aime. »
Et cette zone, c’est plus précisément le demi-espace gauche, histoire de pouvoir rapidement entrer dans la surface de réparation depuis une position plus excentrée. « J’insiste bien sur son positionnement. Kader Bamba n’est pas forcément un attaquant de pointe mais je veux qu’il soit plus proche de la zone où il peut faire mal. On l’a vu au Havre où il a fait mal sur la gauche de la surface, c’est sa zone de prédilection, je veux qu’il soit là, assène son entraîneur. C’est plus facile pour lui en jouant dans ce rôle qu’en étant le long de la ligne où il va y perdre. Je n’ai pas envie qu’il s’épuise à courir dans le vide parce que ce n’est pas quelqu’un qui a une caisse énorme pour répéter les efforts. »
Moins tranchant et décisif
S’il touche globalement plus de ballons, en moyenne de 20 de plus par rencontre, Kader Bamba fait moins de différences, avec un seul but et aucune passe décisive à son actif depuis le changement de schéma tactique. De quoi se questionner sur la pérennité de son positionnement dans ce 3-5-2 ? « Ça a très bien marché contre Valenciennes, je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas à nouveau. Ce jour-là, il a débloqué le match, à Bastia il fait une passe décisive à Badji qui doit marquer et il doit lui-même marquer à la fin. Contre Le Havre, il y a penalty quand il se fait faucher dans la surface. Ce sont des choses qu’il est capable de faire, indépendamment du système. »
Plus globalement, Philippe Hinschberger est animé par l’envie d’offrir beaucoup de libertés à son joueur plutôt que de le cantonner dans un couloir. « Kader, tu ne peux pas le cloisonner, il faut le laisser jouer à l’instinct, lui laisser tout son potentiel pour attaquer. Il est capable de te faire des coups n’importe quand et tu n’as jamais envie de le sortir parce qu’il est capable de faire une accélération jusqu’à la dernière seconde. Aujourd’hui, sur ce genre de percussions, c’est le seul joueur que l’on a. » Et c’est bien là le problème de l’Amiens SC dont l’animation est plus que jamais Bamba dépendant. Ce qui n’a pas échappé à ses adversaires qui en ont fait leur cible favorite.
Romain PECHON