Sorti sur blessure face au Havre le 28 janvier dernier, Jérémy Gélin est toujours forfait pour la venue de Bordeaux, près d’un mois plus tard. Alors qu’il avait repris avec le groupe avant le déplacement avorté à Paris, à la mi-février, le milieu de terrain a rechuté et pourrait encore manquer plusieurs rencontres. Une absence qui tombe mal au regard de la zone de turbulences traversée par l’Amiens SC. Décryptage.
Gélin, un être vous manque…
Quatre sur cinq, c’est le nombre de défaites concédées cette saison par l’Amiens SC quand Jérémy Gélin est absent de la feuille de match. Et si l’actuel neuvième de Ligue 2 a également perdu des matches en sa présence, en l’occurrence les quatre rencontres juste avant la trêve de la coupe du monde, le bilan collectif varie du simple au double en fonction de la présence ou non de l’ancien Rennais. Avec lui, Amiens a gagné 44% de ses matches (8/18). Sans lui, il est vrai sur un échantillon plus limité, la statistique tombe donc à 20%. « En ce moment, c’est une absence qui pèse, concède Philippe Hinschberger. Sans dire qu’Owen Gene (ndlr :qui le remplace actuellement) fait mal son travail, il y a quand même une grosse différence d’expérience entre les deux. »
Ancien international espoir (3 sélections) et cadre d’un stade Rennais cinquième de Ligue 1 en 2017/2018, Jérémy Gélin compte également 13 matches de coupe d’Europe à son actif, que ce soit avec son club formateur ou l’équipe belge d’Antwerp entre 2018 et 2021. « Jérémy a quand même joué défenseur central en Ligue 1 et quand tu vois comment il est gaulé et alors qu’il n’a aucune des qualités naturelles du poste – à savoir vitesse, jeu de tête, aptitude au duel – c’est qu’il y a bien quelque chose de particulier chez lui », souligne Philippe Hinschberger.
…et c’est tout l’Amiens SC qui tangue
Concrètement, Jérémy Gélin peut s’appuyer une de lecture du jeu ou bien encore une qualité de relance largement au-dessus de la moyenne en Ligue 2. Et même s’il s’avère repositionné au milieu de terrain depuis son arrivée en Picardie, « cette science pour orienter le jeu et faire de bonnes passes » manque cruellement à l’Amiens SC à l’heure actuelle. « Quand on le touche, on sait qu’il va savoir garder le ballon quand il le faut, qu’il va être capable d’accélérer le jeu quand il le faut ou bien encore qu’il va trouver l’intervalle pour faire la bonne passe, détaille son entraîneur. C’est une plus-value technique qui fait qu’on est meilleur avec lui que sans lui. »
Mais plus qu’un guide technique, Jérémy Gélin est aussi l’un des rares joueurs de ce groupe à disposer du caractère suffisant pour tenter de sonner la révolte au sein de ce groupe démuni de vrais leaders. Perfectionniste et exigeant, aussi bien envers les autres qu’envers lui-même, le Breton n’a jamais fait usage de la langue de bois cette saison. Ainsi, après la défaite à Pau début novembre, il était l’un des premiers à pointer du doigt le « manque de personnalité » de son équipe. Des critiques qui avaient fait grincer quelques dents en interne sur le coup, l’amenant à être en quelque sorte recadré, mais qui n’étaient finalement qu’une criante vérité qui n’a eu de cesse de confirmer au fil des semaines.
En janvier dernier, il avait également fait part de son exaspération après le match nul contre Guingamp, marqué par un criant manque d’efficacité dans les deux surfaces de réparation. Là encore, un mal qui ronge l’Amiens SC depuis de très longues semaines. Et loin de se défausser, Jérémy Gélin est plutôt du genre à prendre très à cœur les contre-performances successives, persuadé que cette « équipe est vraiment de qualité pour aller voir encore plus haut« . Mais au-delà des qualités footballistiques, indéniables au passage pour beaucoup de joueurs, cet effectif fait finalement face à ses limites sur le plan mental, à son manque de culture de la gagne, à son déficit d’exigence. Des lacunes qui se font d’autant plus ressentir en l’absence de l’indispensable Jérémy Gélin…
Romain PECHON