Entraîneur du club d’Hautvillers-Ouville, ancien membre de la commission technique du district de la Somme et polémiste de l’émission La Tribune de France Bleu Picardie, Bruno Paris délivre son décryptage après chaque match de l’Amiens SC. Ce dimanche, focus sur la défaite à Metz (3-2).
L’Amiens SC vient de concéder une quatrième défaite en autant de déplacements. Un résultat logique à vos yeux ?
Quand tu es mené 3-0 après 40 minutes de jeu (43, ndlr), tu te demandes à combien ça va se terminer. C’est une victoire logique pour Metz, avec de jolis buts. Je mets de côté la bévue de Régis Gurtner. On ne veut pas lui en tenir rigueur. C’est surtout la façon d’aborder le match, les attitudes, qu’on n’a pas reconnu l’Amiens SC qu’on voit à la Licorne. C’est ce qui me dérange le plus. Pour ceux qui pensaient qu’Amiens pouvait jouer trois matches dans la même semaine, on va bientôt avoir du mal à en jouer deux.
Il y a des choses à revoir à tous les niveaux, à commencer par le projet de jeu. Omar Daf voulait calquer son projet de jeu à l’extérieur sur ce qu’il fait à la Licorne, il va peut-être falloir revenir aux fondamentaux de la saison dernière. Ce n’était pas brillant dans le jeu, mais Amiens savait accrocher des matches nuls quand c’était difficile, notamment à l’extérieur. On ne pourra pas continuer la saison comme ça à l’extérieur, en se faisant plumer à chaque fois. En ce moment, c’est beaucoup trop facile de battre l’Amiens SC à l’extérieur.
Vous avez évoqué le projet de jeu. Avez-vous le sentiment qu’Omar Daf s’est trompé dans son approche tactique du match, en conservant son 5-4-1 et en attendant la mi-temps pour faire les ajustements qui sautaient aux yeux de tous ?
Je vais être moins catégorique qu’après Annecy. La qualité de l’adversaire n’était pas la même. Qu’on reste prudent contre Metz, ce n’est pas choquant. On connaît aussi la légendaire prudence d’Omar Daf dans ce genre de match. Par contre, je n’ai pas compris l’attitude des joueurs, le rendu global de l’équipe. En principe, il y avait des joueurs pour poser le ballon et pouvoir attaquer. Pendant 40 minutes, on n’a rien vu de tout ça, c’était décousu. Sans même parler des erreurs individuelles qui coûtent cher. Il y a eu un criant manque de liant entre les lignes. Il n’y avait clairement pas de connexion, et c’est assez inexplicable. Cela peut effectivement passer par un autre schéma, comme on l’a vu en deuxième période. En tout cas, il faudra aborder autrement les matches pour stopper cette série négative à l’extérieur.
Selon Omar Daf, ce sont surtout les attitudes qui ont fait défaut en première période. Partagez-vous cet avis ?
Oui, on peut dire ça. Omar Daf pointe toujours les mêmes manquements, il a raison. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut l’accepter. Hormis ces changements à la mi-temps, il a encore attendu pour faire ses changements en seconde période. Est-ce qu’un Ange Chibozo ne peut pas jouer un peu plus ? Encore plus quand certains commencent à donner des signes de lassitude depuis plusieurs matches. Il y a effectivement eu une réaction positive en seconde période, cette équipe a retrouvé un minimum d’allant. Avec un peu plus d’implication, cette défense messine était sans doute prenable. En fin de première période, Amiens arrive à marquer sur sa seule incursion concrète. Face à un adversaire comme Metz, il fallait davantage les bousculer pour espérer ramener un résultat.
C’était finalement trop peu pour espérer réaliser un incroyable come-back…
Contre Rodez, on sentait qu’Amiens pouvait revenir dans le match. A aucun moment, on a ressenti la même chose contre Metz. C’était tout simplement insuffisant. Contre ce type d’adversaire, il faut être à fond de la première à la dernière minute. Je pense que Metz était dans le contrôle en seconde période.
Qu’avez-vous pensé du match de Mohamed Jaouab, qui peine à retrouver son meilleur niveau depuis son retour ?
C’est un joueur qui a besoin de temps pour être prêt physiquement, sachant qu’il a déjà une nonchalance naturelle qui n’aide pas, sans être un défaut. Rennes ne l’a pas laissé sans aller pour rien non plus. Depuis son retour, il est en difficulté sur le plan athlétique et j’espère que ça ne va pas commencer à le faire douter mentalement. Il est en difficulté. Faisons confiance au staff pour le remettre sur pied physiquement, parce que c’est un joueur de qualité. En attendant, la punition est là à Metz, où il est impliqué sur deux buts et remplacé dès la mi-temps.
Après huit matches, l’Amiens SC compte quatre victoires pour quatre défaites et pointe à la neuvième place. Comment jugez-vous ce début de saison ?
Si on remonte à un mois et demi de cela, avec un effectif décimé, on pouvait s’attendre à pire. Maintenant, c’est regrettable de ne pas prendre un match nul de temps en temps. Comment expliquer le niveau de performance de l’équipe à l’extérieur ? Après huit matches, certains ne ressentent-ils pas déjà un peu de lassitude ? Sachant que c’est toujours ou presque le même effectif au départ. Je pense qu’on est à notre place. Même si on peut rester un peu sur notre faim par rapport aux matches à domicile, notamment au regard des adversaires battus. Je pense qu’il y avait possibilité de faire beaucoup mieux.
En l’état, vous n’êtes donc pas particulièrement inquiet pour la suite de la saison ?
Je suis légèrement inquiet quand même. Je me rends compte qu’il suffit d’un grain de sable, notamment à domicile, pour que la machine s’enraye. Si tel était le cas, Amiens peut vite chuter.
Propos recueillis par Romain PECHON
Crédits photo : Daniel Derajinski/Icon Sport