Remis de la claque reçue à Annecy la semaine dernière, Philippe Hinschberger a tenté de remobiliser son groupe avant la venue de Bordeaux, lundi en conclusion de la 25ème journée de Ligue 2. Un match où l’Amiens SC devra montrer beaucoup plus de personnalité pour renverser la vapeur de l’aveu même de son entraîneur. Entretien.
Philippe, on imagine que vous attendez une réaction d’orgueil de l’Amiens SC après la déconvenue d’Annecy…
Quand tu faillis, on attend une réaction ! Cela peut arriver de faire des erreurs, de passer à côté de son match. Pour moi, Annecy conclut une réflexion sur nos douze derniers matches, depuis la défaite à Nîmes. On a eu une lente dégringolade au niveau des résultats en même temps qu’on s’est amélioré dans le jeu, ce qui est un peu paradoxal. La dégringolade est surtout en termes d’efficacité, avec des buts pris à quasiment chaque match, même si on marque aussi quand même assez souvent, hormis sur les deux derniers matches. On n’a pas été mauvais sur les douze matches, mais ça marque quand même un peu quelque chose, comme le match contre Nîmes a marqué la fin de notre bonne période. On a pu se raccrocher à notre qualité de jeu après Metz, Guingamp et Bordeaux. Mais tout d’un coup, quand tu passes à côté dans les grandes largeurs, ça te choque forcément, même si ça te pendait au nez au regard des conneries que tu pouvais faire. Quand toutes les mauvaises planètes s’alignent, tu touches le fond.
Vous attendez donc une réponse dans l’envie contre Bordeaux ?
C’est la moindre des choses ! On avait envie à Annecy, on s’est juste tiré une balle dans le pied en concédant l’ouverture du score après cinq minutes. J’ai surtout senti un manque d’enthousiasme à Annecy, ce n’est pas vraiment l’engagement ou le gain des duels qui nous ont fait défaut. On fait des erreurs derrière qui coûtent cher, j’ai donc vu mes défenseurs pour leur parler en ce sens, leur demander d’arrêter de faire des cadeaux à l’adversaire. C’est déjà assez difficile comme ça. J’aimerais bien qu’on passe à autre chose, on a tiré les conclusions de ce match qui a fait couler beaucoup d’encre et de paroles à la fin du match et en début de semaine au sein du groupe. Maintenant, il faut avancer, il faut regagner à domicile, sachant qu’on n’a pris que deux points sur les cinq derniers matches. On a plusieurs leviers à activer, jouant déjà sans arrière-pensées et faisons tout ce qu’il y a de bien à faire dans un match de football.
Vous avez parlé « d’un match qui a fait couler beaucoup d’encre et de paroles« . Il y avait besoin de crever un abcès au sein du vestiaire ?
Oui, à un moment donné il faut discuter avec les cadres de l’équipe, que chacun prenne ses responsabilités. Le président est intervenu dans la semaine, ce qui est rare. Je pense que c’était nécessaire et bénéfique. Ce n’est pas simplement l’histoire de taper dessus quand ce n’est pas bon, il faut aussi savoir dire quand c’est bien. Il y a eu des mises au point effectuées, sans faire une analyse détaillée en vidéo du match d’Annecy. L’idée n’était pas de mettre tout le monde au sous-sol. L’idée était plutôt de montrer quelques situations, où l’adversaire dégage de l’enthousiasme dans le jeu.
De temps en temps, on a l’impression qu’il faut tirer fort sur la corde pour les faire avancer ! Quand tu es sur le terrain, joue au football sans arrière-pensées ! Ce sont des attitudes qu’il faut retrouver. On est sur beaucoup de frustration depuis trois mois, aussi parce que nos matches se suivent et se ressemblent globalement. Quand c’est redondant, c’est énervant, c’est frustrant. C’est plus ça que de la mauvaise volonté. On a fait une semaine d’entraînement basée sur la réaction d’orgueil et de fierté. Il faut vouloir faire notre match, faire plaisir et se faire plaisir. Le tout en étant beaucoup concentré sur tous les ballons.
On doit montrer plus de personnalités pour prendre les choses plus en main. De temps en temps, j’ai le sentiment qu’on subit la situation et c’est chiant.
C’est à l’Amiens SC de se donner les moyens pour retrouver ce cercle vertueux. La réussite se provoque aussi…
La réussite se provoque, c’est vrai. Elle est aussi créée par une dynamique psychologique que tu dois installer. A un moment donné, sans me dédouaner, je suis leur guide, je ne suis pas sur le terrain. On ne peut pas tout le temps attendre du staff ou des dirigeants. Nos joueurs doivent prendre les choses en main, même si on sait aussi qu’il faut parfois remettre de l’ordre dans la maison. Parfois, on se doit aussi d’avoir de bonnes idées, des idées qui rassemblent, qu’on arrête de se prendre la tête avec tout ça. Actuellement, on est plus dans une situation psychologique d’attente, de pensées négatives. Le rôle du staff est de véhiculer des pensées positives.
Malheureusement, on doute de la capacité de ce groupe à renverser la vapeur…
C’est normal, on n’a pas montré qu’on avait de la personnalité, sur nos derniers matches tout du moins. Pas plus loin que dernièrement, j’ai rappelé qu’on avait réussi à renverser l’opinion publique sur les onze premiers matches, à faire aimer l’Amiens SC, en gagnant des matches à l’arrache, en marquant des buts dans les dernières minutes dans des matches compliqués. On sait que ça dépend aussi un peu du facteur chance, mais globalement on dégageait plus de solidité psychologique. J’en appelle donc à mes cadres, à notre épine dorsale, à nos défenseurs, à notre gardien. Notre équipe ne repose pas que sur eux, mais on doit montrer plus de personnalités pour prendre les choses plus en main. De temps en temps, j’ai le sentiment qu’on subit la situation et c’est chiant.
Propos recueillis par Romain PECHON