Dans la plus grande des discrétions, la Fédération française de football (FFF) a voté la suppression de la prolongation, à l’exception de la finale, à compter de la saison prochaine. Une décision qui divise les entraîneurs des clubs amateurs amiénois.
Une compétition dénaturée…
La « coupe de tous les possibles » fait sa révolution, et cela ne passe pas auprès de tout le monde. En cause, notamment, l’absence de communication entre la FFF et les clubs. « Le problème c’est qu’ils n’informent pas les clubs, il n’y a pas de référendum fait par rapport à ça, regrette Sébastien Léraillé, entraîneur de l’ESC Longueau. C’est un peu dommage. On a l’impression que les clubs et éducateurs n’ont plus leur mot à dire. » C’est principalement la fin des prolongations qui passe difficilement auprès des amateurs. « Je suis surpris parce que ça enlève un peu du charme de la coupe, déplore Nicolas Cauvin, coach du RC Amiens. Les petits vont avoir pour objectif de principalement bétonner pour aller aux penalties, surtout en deuxième mi-temps. Si les gros n’arrivent pas à faire la différence en première, la deuxième sera beaucoup plus hachée. Ça va être très fermé en fonction de l’adversaire à jouer. »
Entre donc la fin de la période supplémentaire, mais aussi l’entrée en lice plus tardive des clubs de Ligue 2, les clubs amateurs se sentent quelque peu délaissés. « Ils veulent protéger les clubs professionnels tout simplement. Le foot amateur passe au second plan, je pense, enchaîne Léraillé. Je pense que certains, à travers le pouvoir qu’ils ont, se permettent de faire passer certaines idées ou messages, comme dans toute entreprise. Je ne pense pas que ce soit lié à la conjoncture et qu’en 2021/2022 on revienne à un format normal. La décision est prise, il faut faire avec et l’accepter. » « Le but des petits clubs c’était d’essayer d’aller accrocher le septième tour pour prendre un club professionnel pour tirer une Ligue 2 et profiter de ce moment à domicile, ajoute Cauvin. Maintenant c’est décalé d’un tour et il ne restera pas beaucoup de petites équipes. »
…mais une chance supplémentaire pour les amateurs ?
Néanmoins, le « nouveau format » de la doyenne des compétitions trouve tout de même quelques défenseurs parmi ceux qui peuvent paraître lésés. « Au début, j’étais un petit peu contre, en me disant que ça allait dénaturer la compétition, mais après coup je me suis ravisé en me disant que les surprises arrivent très souvent avant la fin du temps réglementaire, confesse Azouz Hamdane, le technicien à la tête de l’AC Amiens. Lorsque la prolongation arrive, c’est souvent là que l’équipe de l’échelon supérieur arrive à recoller et c’est peut-être une bonne chose de ne jouer que 90 minutes. Je pense que c’est plutôt une bonne chose parce qu’on pouvait se retrouver avec des matches remis en semaine juste après un match de coupe et trente minutes en plus, ça coûte cher dans ces moments-là. »
Et alors que certains pensent que les amateurs ne sont pas avantagés, d’autres estiment que moins de temps peut donner plus de chances aux « petits ». « Sur le plan de la santé, est-ce que cela change grand-chose de jouer 90 ou 120 minutes ? Je ne suis pas persuadé. Par contre, au niveau de l’équité, les amateurs qui joueront les pros et seront capables de tenir un résultat nul pendant 90 minutes auront plus de chances de se qualifier qu’en jouant 30 minutes en plus, commente ainsi Benoît Sturbois, entraîneur de l’Amiens Portugais. Souvent, on n’est pas habitué et c’est là où les crampes arrivent. Les amateurs craquent souvent en prolongations. Ça laisse une chance supplémentaire aux amateurs quand les pros rentreront. Sur les premiers tours, pour ma part, ça ne change pas grand-chose pour moi. » Pour ou contre, la coupe de France new look n’a pas fini de faire parler.
Adrien ROCHER (avec R.P.)