Touché par la descente en Ligue 2 de l’Amiens SC, Alexis Blin espérait pouvoir jouer la remontée immédiate. Conscient que cet objectif devient de plus en plus illusoire, le capitaine amiénois tire donc les conséquences de ce début de saison poussif pour affirmer que la revanche nécessitera du temps. Entretien.
Dans quel état d’esprit abordez-vous ce déplacement à Valenciennes ?
C’est une équipe difficile à jouer, imprévisible, capable de tout, comme gagner 5-4 à Toulouse et parfois connaître des contre-performances un peu bizarres. Je n’ai pas envie que ce soit bizarre, il faut que ce soit sérieux, que l’on puisse être difficiles à jouer et être dans ce que l’on sait faire. On est capables de répéter les efforts, on a envie de bien faire même si c’est parfois brouillon. Les efforts sont bons mais ça ne suffit pas parfois. Il va falloir les faire ensemble, être proches les uns des autres, ne pas rentrer dans le jeu valenciennois mais plutôt les mettre en difficulté sur leurs points faibles.
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Après quinze journées, l’Amiens SC est toujours en construction
La transition entre L1 et L2 n’est vraiment pas évidente. L’année dernière, Caen et Guingamp étaient en difficulté, Guingamp l’est toujours. Ce n’est pas facile de reconstruire une équipe. On s’accroche toujours au fait qu’on est en L1 et, inconsciemment, on veut y retourner en claquant des doigts. Je vais prendre l’exemple de Toulouse où ils parlaient de vouloir remonter directement et ils ont démarré par trois défaites et ensuite ils ont commencé à parler de construire une équipe. Ça se passe beaucoup mieux pour eux maintenant, mais il ne suffit pas d’avoir des belles paroles pour remonter.
Que faut-il alors pour redresser la situation ?
Il faut créer quelque chose, un état d’esprit, ce qu’a fait Amiens l’année de la montée. Il y avait un état d’esprit, une envie de se battre les uns pour les autres sur le terrain. Il y avait de la compréhension sur le terrain. Ce n’est pas facile de créer des choses quand il y a des étrangers parce qu’ils doivent s’adapter au climat, à la Ligue 2. C’est un championnat difficile. Aller gagner à Rodez, quoi qu’on en dise, ce n’est pas facile et il faut en être conscient. L’être, c’est bien, je le suis, mais il faut l’être aussi collectivement, faire les efforts ensemble et le travail paiera. Pour le moment, force est de constater qu’on fait le maximum, qu’on prend les points quand il faut les prendre. Une équipe qui est en défaillance de confiance, manque de résultats peut tout de suite trembler et c’est bien d’avoir pris les points contre Dunkerque et Rodez parce que je ne parlerais pas dans la même situation si ça s’était mal passé contre eux. C’est un ensemble qui fait qu’on est à notre place.
L’Amiens SC a été blessé en plein cœur avec cette descente, les joueurs l’ont été aussi, en tout cas je l’ai été
Comprenez-vous les critiques autour de l’Amiens SC ?
Bien sûr que je les comprends. Je fais mon auto-critique aussi. Si vous croyez qu’après Chambly je suis rentré en sautant de joie et en étant super heureux d’avoir fait nul à domicile contre eux… J’étais dégoûté après le match, le lendemain ma fiancée m’a demandé pourquoi je tirais la gueule. Le lundi, je tirais la gueule à l’entraînement aussi. Les supporters ne sont pas les seuls à être déçus des prestations collectives. Je suis d’accord avec eux, et la seule fois où je ne l’étais pas c’était après Rodez. On est sur la même longueur d’onde, on aimerait tous que l’Amiens SC aille mieux. Il a été blessé en plein cœur avec cette descente, les joueurs l’ont été aussi, en tout cas je l’ai été. J’aimerais jouer les premiers rôles du classement, c’est clair et net, mais on ne peut pas lutter contre ce qu’il se passe et le fait qu’on soit dans cette situation-là.
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Il faut donc s’armer de patience ?
Il faut faire le maximum tous les jours, essayer d’apporter sa pierre à l’édifice, d’être fort collectivement, solidaires, intégrer les étrangers qui ne parlent pas encore français, les jeunes qui n’ont pas connu pas le CFA. Ce n’est pas facile. Vouloir monter avec beaucoup d’arrivées, des jeunes qui n’ont pas encore connu le monde pro, c’est difficile. Il faut être exigeant. Si vous regardez Troyes, l’effectif n’a pas trop bougé sur les deux ou trois dernières années et c’est pareil pour Auxerre. C’est naturel parce qu’on descend, on a des joueurs qui ont une certaine valeur, sont demandés par beaucoup plus de clubs et l’Amiens SC doit amortir le fait qu’on ne puisse pas conserver tout le monde. Sur l’effectif qui était là l’an dernier, il en reste peu, et exiger une remontée immédiate, c’était mon premier souhait et ce n’est pas ce dont on est capables.
Propos recueillis par Romain PECHON
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