Souvent très prolixe en conférence de presse, Bruno Genesio a récemment été questionné sur la gestion de son effectif assez conséquent. L’entraîneur du LOSC s’est confié en longueur sur la manière avec laquelle il parvient à conserver une émulation au sein de son groupe.
Depuis le début de saison, le temps de jeu fluctue pour pas mal de joueurs. Quelle est votre méthode pour garder tout le monde sous pression ?
Je ne sais pas si on peut parler de méthode, peut-être plus de management. J’essaie de me comporter avec tout le monde de la même manière. Ceux qui jouent, ceux qui jouent moins, ceux qui jouent encore moins, ceux qui sont blessés. J’essaie d’avoir le même comportement, les mêmes attitudes, de consacrer le même temps de parole pour échanger avec tous les joueurs du groupe. On insiste beaucoup avec mon staff sur l’état d’esprit collectif, sur la notion d’équipe, de groupe. Après, comme je le dis souvent, ce sont les joueurs qui doivent nous donner envie de les faire jouer.
Il y a aussi le fait que ce groupe est réceptif à ce message. Parce que parfois, vous pouvez avoir un message et il est mal réceptionné ou pas réceptionné par votre groupe. Tout n’est pas toujours rose, il peut y avoir des tensions, mais en tout cas c’est toujours l’aspect collectif qui reprend le dessus. Même quand il peut y avoir des petits états d’âme individuels, on essaie de mettre en place pour que tout le monde soit concerné.
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L’autre explication, c’est aussi qu’on a quand même beaucoup de joueurs à certains postes qui ont des qualités différentes, mais qui ont un niveau de jeu qui est quasi identique. Ce qui fait que, quel que soit le joueur qui débute le match ou qui rentre en cours de match, on reste compétitif.
Vous disposez d’un secteur offensif riche en solutions avec 8 joueurs pour 3 à 4 postes. Est-ce que cela vous est déjà arrivé dans votre carrière ? Et le fait d’avoir beaucoup de jeunes joueurs, exception faite d’Olivier Giroud, offre-t-il une forme de souplesse en tant que manager ?
Oui et non, parce que les jeunes, les nouvelles générations, ont des codes différents de ce qu’on a pu vivre. Pour moi, ça commence à être un peu loin déjà. Donc, si vous ne vous adaptez pas à certains de ces codes, vous ne pouvez pas rentrer en lien avec eux. Si je me comporte comme on s’est comporté avec moi quand j’avais 15 ans ou 20 ans, je vais dans le mur. Alors, à l’époque, c’était très bien. Je ne regrette absolument pas ce que mes entraîneurs m’ont appris dans le foot et en dehors du foot. Parce que pour moi, il y a les deux aussi. Bien sûr qu’il y a l’entraîneur, mais on a aussi un autre rôle. On doit aussi leur apprendre à devenir des hommes aussi. Parce que c’est lié.
On ne peut pas être un bon footballeur et ne pas avoir certaines valeurs. Donc, c’est important, mais c’est important aussi de tenir compte de notre époque et de s’adapter aussi à cette jeune génération qui est différente de celle d’il y a 10 ans, de celle d’il y a 20 ans et encore plus de celle que j’ai connue. Je pense que c’est une question d’adaptation, d’intelligence. Après, c’est aussi les responsabiliser, les recadrer quand c’est nécessaire. Parce que, parfois, c’est nécessaire. Il faut aussi les encourager quand ils font bien les choses, les réconforter lorsqu’on sent qu’ils sont dans une période un peu difficile.
Là, j’ai des postes où il y a quasiment trois joueurs. Puis, on a des joueurs qui peuvent jouer aussi à différents postes, ce qui rajoute encore. Mais c’est plutôt bien, c’est un luxe.
Bruno Genesio, entraîneur du LOSC.

C’est notre rôle, on vit ensemble, on passe nos journées ensemble, on passe quasiment la plupart de notre temps ensemble. Donc, on arrive à se connaître les uns les autres, à connaître les particularités, les caractères des uns et des autres. Je pense que c’est primordial dans notre métier. C’est valable pour les plus jeunes, mais c’est aussi valable avec les joueurs plus expérimentés.
Je n’ai pas le souvenir d’avoir eu autant d’attaquants, de joueurs offensifs à ma disposition. Je suis en train de réfléchir en même temps que je vous réponds. En général, on avait toujours les postes doublés dans les clubs que j’ai faits, que ce soit à Lyon, à Rennes ou à Pékin. Là, j’ai des postes où il y a quasiment trois joueurs. Puis, on a des joueurs qui peuvent jouer aussi à différents postes, ce qui rajoute encore. Mais c’est plutôt bien, c’est un luxe. Après, il faut gérer. Ça, c’est notre job.
Quand vous dites que vous vous adaptez, avez-vous des cas concrets à exposer ? Cela consiste-t-il à être moins autoritaire peut-être que des entraîneurs qui ont été avec vous à l’époque ?
Je pense, oui. En tout cas, le management directif, comme on a pu le connaître nous à l’époque, ou les remarques très dures qu’on a pu subir, qui à l’époque ne nous choquaient pas. Je pense qu’aujourd’hui, on se doit de le dire quand ça ne va pas, mais je pense qu’il y a des manières d’approcher les joueurs qui sont différentes. Parce que sinon, on sait qu’on peut être contre-productif. Parce que le but, c’est de rendre le joueur plus performant, de le faire progresser. Et du coup, de rendre l’équipe plus performante et d’avoir des résultats.
L’autorité, ça ne veut rien dire pour moi. Il y a des gens qui ont une autorité naturelle, qui n’ont pas besoin d’élever la voix, qui n’ont pas besoin de s’énerver, qui n’ont pas besoin de gesticuler. Qui, par leurs discours, par leurs actes aussi, montrent leur autorité. Et je pense que c’est sûrement le meilleur chemin, et encore plus avec ces nouvelles générations, pour les emmener là où on a envie de les emmener.
Crédits photo : Ewen Gavet/Icon Sport
