Si rien ne semble pouvoir le déroger de son flegme à toute épreuve, révélateur de la sérénité qui habite également ses troupes, Pierre Sage n’en était pas moins satisfait après la victoire du RC Lens face à l’OM (2-1), ce samedi soir. Si la prestation artésienne n’a pas été parfaite en tout point et qu’il est encore trop tôt pour s’avancer sur d’éventuelles ambitions selon lui, les Sang et Or ont néanmoins marqué un nouveau grand coup.
Pierre, Roberto De Zerbi dit que l’OM a été meilleur. À quoi vous attribuez-vous la victoire du RC Lens ?
« Je suis d’accord (avec lui) dans leur manière de jouer. Ils nous ont vraiment posé de gros problèmes, notamment avec les deux positions qu’ils mettaient autour de nos milieux récupérateurs. C’est comme ça qu’ils marquent d’ailleurs (0-1, 17′). À partir du moment où on a mieux géré cette situation, ils ont eu du mal à rentrer dans notre surface et attaquer notre but. Donc, forcément, on a été beaucoup moins en danger. Et on a aussi été un peu mieux dans l’exploitation des récupérations.
En première mi-temps, on a beaucoup rendu le ballon, et je pense qu’on l’a un peu mieux exploité, notamment en fin de match. Ça nous a permis de vivre une deuxième victoire un peu plus maîtrisée sur le plan émotionnel et sur le plan tactique. Même si, au niveau du jeu offensif, ils ont eu le dessus. Mais c’est aussi lié au fait qu’on menait 2-1, je pense.
L’appétit vient en mangeant, on est prêt et on est surtout dans l’ambition d’enchaîner les victoires et de continuer notre petit bonhomme de chemin.
Vous marquez à nouveau sur deux coups de pied arrêtés…
On a un spécialiste de coup de pied arrêté dans le staff (Pierre Capitaine) qui est aux anges Tant qu’il sera heureux, on sera heureux (sourire).
Le RC Lens est deuxième après avoir déjà joué des gros. Quel sens donnez-vous à cette victoire ?
Il y a de la consistance dans ce qu’on a fait. Maintenant, la vérité se situe dans le match suivant. Le match suivant a lieu à Metz. On a la nécessité de confirmer ce qu’on a bien fait ce soir et donc de l’emporter, de manière à vivre le match contre Lorient avec cette même nécessité.
L’appétit vient en mangeant, on est prêt et on est surtout dans l’ambition d’enchaîner les victoires et de continuer notre petit bonhomme de chemin. C’est évident qu’on attendra les 35 points pour être vraiment serein et commencer à réfléchir sérieusement à l’Europe. Dans tous les cas, tout ce qui est pris n’est plus à prendre et tant que les journées avancent et qu’on marque des points, tout va bien.

La semaine passée, vous aviez dit que l’important était d’être maillot jaune sur les Champs-Elysées. Que cela signifie-t-il concrètement ?
Je voulais simplement dire que le bon début de saison peut être mis en cause à n’importe quel moment à partir du moment où on enchaîne les bons résultats. La vérité se situera à la fin de la saison. Ce n’est pas qu’on veut être maillot jaune sur les Champs-Elysées. C’est simplement qu’on peut être notre propre maillot jaune de notre propre saison en fonction des possibilités de ce qu’on va faire cette saison-là avec ces difficultés-là. Si on réussit notre saison à la hauteur de ce qu’on est capable de faire, on sera très contents. Si on fait un peu mieux, on sera super contents. À l’inverse, si on est en dessous, on sera un peu déçus.
Le RC Lens en est à quatre victoires à domicile. Est-ce important d’être souverain chez soi ?
Pour moi, ce n’est pas un enjeu, mais c’est un atout de jouer ici. Bien souvent, on pense que le fait de jouer domicile est forcément reliée à des victoires, mais ce n’est pas le cas. Ce qui est important, c’est de pouvoir s’appuyer sur la force que nous donne le public pour pouvoir faire des performances et enchaîner des bons résultats. Et que ça devienne une espèce de norme que nos adversaires intègrent dans leur manière d’appréhender le match.
À lire aussi >> Le RC Lens deuxième de Ligue 1, Matthieu Udol « ne souhaite pas s’arrêter là »
Comment observez-vous le cadeau de Florian Thauvin fait à Odsonne Édouard sur le penalty, puis la capacité du RC Lens a obtenir beaucoup de penalties ?
Sur le fait qu’il laisse le penalty à Odsonne Édouard, je trouve ça responsable de sa part. S’il estime que l’autre joueur est en position de réussir, il lui laisse le ballon. Ils l’ont négocié entre eux, on était pas au courant. J’aime bien les gens qui prennent des initiatives et les assument, donc ça me va bien. Sur le fait qu’on ait eu beaucoup de pénalties, je trouve que c’est la conséquence qu’on est beaucoup dans la surface adverse, qu’on met l’adversaire sous pression et qu’on le pousse à la faute. Je ne pense pas qu’il y ait autre chose à dire que ça.
Vous êtes mesuré, mais le RC Lens est deuxième. Ce n’est pas anodin…
C’est très bien, on est content. Je suis surtout content pour les joueurs, pour le club et pour les supporters. Mais je ne peux pas vous dire qu’on a réussi le premier trimestre alors qu’il en reste deux encore. Mais il reste 25 matches, donc mon calcul n’était pas très bon là, ça va pas… (Sourire.) Dans tous les cas, on réussit notre début de saison, il y a encore 25 rendez-vous. Si on maintient ce rythme-là, ce qui serait exceptionnel, on sera très heureux et très fiers. On verra quelle est notre norme.
C’est pour ça qu’il faut attendre encore des matches et des performances avant de se positionner. C’est pour ça que cette barrière de 35 points, ce n’est pas histoire de se cacher derrière un objectif qui n’est pas accessible. C’est simplement le fait qu’il faut être rationnel dans notre ambition et que les choses vont se faire pas à pas. Si on va loin, on va loin. Et si on va un peu moins loin, on va faire avec aussi.
Votre équipe vous surprend-elle ?
En fait, je ne suis pas surpris parce qu’à partir du moment où on leur a demandé d’être ambitieux, c’est une chose qu’ils ont réussi à porter et à assumer au quotidien. Je suis très content de ça parce que ça veut dire qu’ils ont aussi conscience du niveau qui est le leur individuellement et du niveau qui est le leur en tant qu’équipe. Ça nous permet de faire la saison qu’on est capable de faire. Peut-être, effectivement, qu’on a deux ou trois points de trop ou qu’il nous en manquera deux ou trois à un moment donné dans la saison.
Aujourd’hui, on est une équipe qui progresse, qui devient de plus en plus régulière dans sa manière de gérer ses matches.
Mais dans tous les cas, on sera à peu près alignés avec le niveau de cette équipe par rapport à ses adversaires. Et le plus important, selon moi, ce n’est pas de surperformer ou de sous-performer, c’est d’être l’équipe qu’on doit être et de l’assumer. Après si, en plus, on arrive à progresser, l’ambition montera et on assumera à nouveau ce nouveau statut. Dans tous les cas, aujourd’hui, on est une équipe qui progresse, qui devient de plus en plus régulière dans sa manière de gérer ses matches.
Maintenant, il faut qu’on arrive à avoir encore plus de variété parce qu’on est assez conscient que l’adversaire a eu beaucoup le ballon, nous a posé des problèmes tactiques et qu’on avait d’autres manières de gagner ce match-là que sur des coups de pied arrêtés et des transitions. On avait surtout la possibilité de gérer un peu mieux l’aspect offensif. C’est pour ça qu’il y a encore de la marge.
Propos recueillis par Enzo PAILOT
Crédits photo : Johnny Fidelin/Icon Sport
