Bien que balloté dans tous les sens en première période, l’Amiens SC a réussi à s’imposer face à Rodez (2-1), samedi à l’occasion de la 11e journée de Ligue 2. Et alors qu’il a l’habitude de s’appuyer sur les statistiques pour minorer les défaites de son équipe, Omar Daf a pratiquement minimisé la grosse performance de Paul Bernardoni. Entretien.
Omar, imaginiez-vous une telle finalité à la mi-temps ?
J’étais tellement énervé à la mi-temps. Il fallait qu’on montre un autre visage. Ce que l’on voulait, c’était emballer ce match, amener le public avec nous. On est passé totalement à côté. Ce n’était pas notre plan de jeu le problème, c’était plus sur l’intensité, sur l’agressivité. On était en retard sur tout. On était très heureux de rentrer à la mi-temps qu’avec un but d’écart. Cette équipe de Rodez nous a mis en grande difficulté en première mi-temps, mais j’ai aimé la réaction que nous avons eue. On est revenu en seconde mi-temps avec d’autres intentions, déjà sur le plan technique et au niveau de l’engagement, ce qui nous a permis de dominer l’entame de la seconde mi-temps et de renverser la partie.
Il a fallu un Paul Bernardoni dans un grand jour pour vous porter à bout de bras en première période…
C’est surtout la capacité que l’équipe a eue, collectivement, pour réagir. A l’image de Paul, il a tout de suite switché, comme l’équipe a su switcher à la mi-temps. On a su réagir avec beaucoup de personnalité pour aller bousculer cette équipe qui est vraiment difficile à manœuvrer.
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C’était important de signer cette première victoire à domicile…
C’est toujours la plus difficile. Plus les matchs avancent, plus psychologiquement on y pense inconsciemment. C’était difficile à la mi-temps, parce que cette équipe nous a posé beaucoup de problèmes. On a su aussi les régler en montant le bloc dans le cran, en étant plus proche du porteur, en étant plus agressif. De toute façon, à partir du moment où on gagne les duels, ça rééquilibre les débats et par la suite, on a été plus juste techniquement. Il faut aussi souligner le travail d’Yvan (Ikia Dimi) et d’Ilyes (Hamache) devant qui ont fait mal à cette équipe dans le dos.
Estimez-vous avoir mérité cette victoire ou être un peu chanceux ?
Non, quand tu gagnes un match, c’est que tu l’as mérité. Quand on perd les matchs, on ne nous félicite pas. Quand on perd les matchs, c’est qu’on n’a pas fait ce qu’il fallait. On a fait un très bon match contre Saint-Etienne, nous l’avons perdu. Je ne me suis pas réfugié derrière autre chose, on a perdu ce match-là. Ce soir, ce que nous avons gagné, c’est qu’on a eu l’efficacité pour bien défendre. On a eu l’efficacité pour marquer les occasions qu’on s’est procurées. Donc c’est mérité.

Paul ? On a un gardien qui est là pour faire les arrêts quand on est pris à défaut. C’est son travail.
Omar Daf, au sujet de Paul Bernardoni.
A Nancy, Paul vous fait un arrêt sur penalty. Cette fois-ci, il vous maintient dans le match. C’est dans la lignée d’un bon début de saison…
C’est bien. Ce que je dis aux garçons, c’est son travail, il est là pour ça. On s’entraîne dur, chacun doit jouer sa partition. On a un gardien qui est là pour faire les arrêts quand on est pris à défaut. Il y a les attaquants qui ont été là aussi pour marquer au moment important. Il y a des milieux de terrain qui ont avalé des kilomètres. Pour moi, une victoire, c’est toujours le travail du collectif. Je ressors rarement en joueur du lot. Tout le monde a joué sa partition pour qu’on puisse renverser ce match et battre Rodez, une des meilleures à l’extérieur.
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C’est quand même difficile de ne pas le ressortir du lot ce soir quand on voit certains de ses arrêts…
Oui, mais comme je l’ai dit, on peut sortir Ilyes Hamache du lot aussi. Vu l’exploit qu’il fait pour nous permettre de gagner ce match. Paul a été décisif en première période, mais la seconde période a été meilleure, avec des offensifs décisifs, sans oublier le travail que les milieux de terrain ont abattu. C’est toujours un travail collectif. On a gagné ensemble, parce qu’on a eu la réaction attendue.
Deux victoires en quatre jours, vous faites un bond de huit places au classement. C’est un peu fou, non ?
C’est pour ça qu’après une mauvaise série, il ne faut pas tout remettre en question. Les gens ont tendance à paniquer très vite et à partir dans tous les sens. On sait que c’est un championnat qui est difficile. Après des mauvais résultats, il faut garder le cap, continuer à travailler et garder sa sérénité. On le voit, là où on est sur deux victoires, ce n’est pas pour ça qu’on va s’enflammer. Quand on perd deux rencontres aussi, on reste calme et on continue à travailler parce qu’il n’y a rien qui est gagné d’avance, tout est toujours difficile.
Vous aviez fait trois changements dans le onze de départ. Etiez-vous déjà dans une gestion par rapport à la suite ?
C’est aussi par rapport à la forme du moment, par rapport aussi à ce que je peux voir sur l’adversaire, comment on peut les mettre un peu plus en difficulté. Je pensais qu’aujourd’hui, en alignant cette équipe, on pouvait leur poser plus de problèmes. Ça s’est vu en deuxième mi-temps quand on a rééquilibré les choses au niveau des duels, parce que techniquement, je savais qu’on pouvait aussi poser des problèmes. Ce sont des choix pour maintenir tout le monde sous pression, que tout le monde soit à 100%. Quand on n’a pas de blessé ou de suspendu, c’est plus facile. sur l’enchaînement des quatre matchs, c’est nécessaire de ramener de la fraîcheur. C’est ce qu’on a fait sur ce match.
Pendant une heure, on a un peu retrouvé les travers du début de saison à domicile, vous ne faisiez pas assez devant, il n’y avait peut-être pas assez de monde dans la surface. Comment analysez-vous cela ?
On a des jeunes joueurs, on a des joueurs qui arrivent aussi en cours de forme Il faut qu’ils retrouvent du rythme. Ça ne se fait pas du jour au lendemain, on travaille là-dessus. Malgré tout, l’équipe a trouvé les ressources pour aller gagner ce match-là, il faut les féliciter par rapport à ça. Tout est difficile. A Nancy, on a une bonne première mi-temps, c’était plus difficile en seconde. Aujourd’hui, ça a été l’inverse. Je pense qu’on est le lot de pas mal d’équipes. C’est très rare de voir une équipe dominer un match du début à la fin. Moi, je reste positif, je félicite les garçons par rapport à la copie qu’ils ont rendue aujourd’hui.
Propos recueillis par Romain PECHON
Crédits photo : Iconsport
