Désireux de s’appuyer sur les enseignements de l’élimination contre Dortmund, Bruno Genesio aborde le déplacement à Nantes, samedi (17 heures) à l’occasion de la 26e journée de Ligue 1, avec une grande motivation. Si l’entraîneur du LOSC sait qu’il ne sera pas facile de tourner la page, il estime que c’est le devoir de tout un club d’y parvenir.
Bruno, comment faire pour tout de suite passer à autre chose et rebondir à Nantes ?
Je n’ai pas dit grand-chose aux joueurs, je n’ai pas l’habitude de trop parler après les matches. Je considère que ce qu’on peut dire n’est pas toujours de plus judicieux. Je leur ai simplement dit, ces dernières heures. Bien sûr qu’il y a de la frustration et de la déception, parce que le scénario du match aller nous a laissé beaucoup d’espoir. Il faut aussi savoir se remémorer d’où l’on vient dans cette compétition, tout ce que l’on a fait de bien, même si ça n’efface pas la déception. On a fait une épopée assez extraordinaire. On perd aussi contre une équipe qui est le dernier finaliste de la compétition, avec 7 joueurs qui avaient participé à cette finale. On ne perd pas contre une équipe qui vient de nulle part.
N’avez-vous pas fini par être rattrapé par la fatigue et les limites de votre effectif, qui a aussi été pas mal impacté par les blessures cette saison, pour faire mieux ?
Peut-être. Pour avoir revu le match, je confirme que notre première mi-temps est très cohérente. On a subi une ou deux occasions, dont une qui n’aurait pas dû exister pour une grossière faute sur Thomas Meunier au départ de l’action. C’est aussi à nuancer. On a aussi ce début de deuxième mi-temps, où Dortmund a monté l’intensité du pressing. Nous, on n’a pas su répondre techniquement et, peut-être qu’une partie de l’explication peut être un peu de fatigue. C’est difficile de tout mettre là-dessus, même si ça peut l’expliquer. On a beaucoup joué, on a beaucoup eu de blessés, il y a des joueurs à qui on a beaucoup demandé depuis le début. Il faut aussi savoir reconnaître que l’adversaire a bien fait les choses. Je pense que la deuxième mi-temps de Dortmund est de grande qualité. Parfois, on n’est pas en mesure de répondre à tout ce que l’adversaire nous impose.
Si on prend du recul et qu’on analyse ce qu’on a réalisé dans cette compétition le 8 août, on peut être fier de ce qu’on a fait et féliciter les garçons pour ça
C’est la première fois qu’on ressent un plafond de verre pour le LOSC. Cela peut-il renforcer la déception ?
Tout à fait. Le scénario du match aller fait qu’on sent qu’il y a la possibilité de faire mieux. Le résultat nous laisse toutes nos chances. L’entame de match, où on marque, et fait qu’on est qualifié jusqu’à la mi-temps, fait qu’on a beaucoup de déception. Parce qu’on est compétiteurs. Si on prend du recul et qu’on analyse ce qu’on a réalisé dans cette compétition le 8 août, on peut être fier de ce qu’on a fait et féliciter les garçons pour ça. On avait tous envie d’aller en quart de finale et pourquoi pas plus loin. C’est aussi la réalité du moment. Il faut savoir l’accepter. Même s’il y a, sur les deux matches, des faits de jeu très contraires.
Que pensez-vous de la prise de parole de votre président sur l’arbitrage ?
C’est difficile d’arbitrer. On le voit nous, staff, quand on arbitre à l’entraînement. On voit la difficulté que c’est. Il y a aussi des outils qui permettent de réduire l’erreur humaine. C’est ce qui peut rajouter de la frustration aux acteurs après les matches. Je pense qu’il faut garder de la mesure même si, sans se plaindre et remettre en cause l’impartialité, il y a plusieurs situations où on peut se sentir lésé, que ce soit le penalty ou le non-carton rouge. Ce à quoi il faut ajouter des fautes non-sifflées qui amènent des occasions pour Liverpool. Cela laisse beaucoup de frustration, parce que ce sont quand même des matches serrés et tendus. Si on compare avec le match aller de Paris, où la faute sur (Bradley) Barcola n’est pas sifflée et qu’on regarde le penalty qu’on concède contre Dortmund, on peut s’estimer un peu lésé. Maintenant, c’est terminé, on ne peut pas revenir en arrière. Je pense simplement qu’il y a matière à faire un peu mieux avec la VAR.
La Ligue des Champions a créé une dynamique au sein de votre groupe. Maintenant que vous êtes éliminé, ne craignez-vous pas que cela casse quelque chose ?
C’est une question intéressante. Quel que soit le club, on se pose la question. On l’a vécu à Lyon, y compris dans les années où on gagnait beaucoup de titres. Je pense qu’on a tous une responsabilité, nous le staff en premier, et les joueurs. On a une responsabilité envers nous-mêmes, envers le club qui nous emploie et nous paye. Envers nos supporters, qui eux aussi méritent qu’on continue sur ce qu’on a fait depuis le début de saison. Et notre responsabilité est engagée dans cette fin de saison, dans ce qu’on va faire, en termes de comportement et de résultat. Il faut savoir digérer les défaites, les déceptions et être capable d’assumer ses responsabilités et rebondir. C’est ce que j’attends de tout le monde au club.
Crédits photo : Daniel Derajinski/Icon Sport