Ancien membre de la commission technique du district de la Somme et polémiste de l’émission La Tribune ici Picardie, Bruno Paris délivre son décryptage après chaque match de l’Amiens SC. Ce lundi, retour sur l’inquiétante défaite de l’Amiens SC face au Red Star.
Bruno, la défaite contre Metz avait suscité de l’espoir chez vous. Etes-vous tombé de haut vendredi soir ?
Je suis tombé de haut pendant 3-4 minutes. Ensuite, je suis revenu sur terre parce que cette prestation, on en a l’habitude. Ça devient récurrent, surtout avec à des équipes de bas de tableau. J’ai cru revoir les matches contre Martigues, Troyes, Rodez… En une semaine de temps, on se demande ce qui a bien pu se passer dans la maison amiénoise. On a eu l’impression d’une équipe qui était absente de la première à la dernière minute, disparaître dans sa totalité, hormis Régis Gurtner. A cette heure-ci, je cherche toujours l’explication.
Si Amiens avait mal démarré, on serait aujourd’hui à la place de Martigues ou Caen.
J’ai quand même une petite idée, je pense que ce groupe manque de qualité. Amiens est capable de jouer à 120% de ses possibilités, un coup de temps en temps. Heureusement qu’Omar Daf avait changé son fusil d’épaule en début de saison pour prendre rapidement le maximum de points possible, pendant qu’il avait encore un effectif digne de ce nom. Il se doutait sans doute que ça n’allait pas durer. Si Amiens avait mal démarré, on serait aujourd’hui à la place de Martigues ou Caen.
Dans ce contexte, on peut donc affirmer que le match contre Metz n’était qu’un leurre et que d’Amiens SC est bien malade en cette fin de saison ?
Je m’excuse de le dire, mais Amiens ne sait pas jouer ce genre de match à la vie à la mort. Depuis le début de l’année, c’est la même chose à chaque fois, contre Troyes, Martigues, le Red Star et même Rodez, sans la défaite au bout. A chaque fois, on a une équipe qui entre sur le terrain, on ne reconnaît pas de système de jeu, aucune mise en place. Au bout de quelques minutes, on connaît déjà le résultat. Face au Red Star, on pouvait éteindre la télé ou couper ici Picardie au bout de cinq minutes. Il n’y avait rien, aucun argument pour éviter un autre résultat que la défaite.
La faute à qui ?
Je suis encore en train de me demander ce que le coach a voulu mettre en place. On a vu un football de rue. C’était dramatique. En faisant de gros efforts, je suis encore en train de me demander ce qui a motivé Omar Daf à ne pas titulariser Nordine Kandil et Rayan Lutin. On joue chez un club qui se bat pour son maintien et, immédiatement, on est à onze en défense, sans le moindre meneur de jeu sur le terrain. Le meilleur exemple reste Antoine Leautey. On ne l’a pas vu une seule fois dans la même position que face à Metz. Junior Fofana, j’ai cherché pendant tout le match quel rôle il devait occuper. On pouvait quand même espérer une équipe d’Amiens un peu plus conquérante, avec des joueurs techniques qui se projettent vers l’avant. Quand Nordine Kandil est entré, c’est le seul qui a eu une frappe intéressante. Là, dès le début de match, dans la composition d’équipe, on voit comme signal à l’adversaire qu’on vient pour ne pas perdre. Le tout contre un adversaire qui joue sa survie.
Face au Red Star, on a eu l’impression que certains ont rendu les armes, baissé les bras. Perdre contre Caen, ce serait le début de la fin.
En dépit de cette défaite, Amiens conserve son avance sur la zone rouge. Pour autant, votre inquiétude n’est-elle pas plus importante après ce match ?
Je me demande s’il y a encore des joueurs qui sont concernés. Quand on regarde l’effectif, on a des gamins qui sont là de passage, parce que simplement prêtés. On leur demande de venir s’investir à Amiens pour compenser l’absence de joueurs chevronnés, qui ont un contrat de trois ou quatre ans, et qui n’ont pas d’autre choix que de se projeter avec le club ? Les gamins sont plutôt à regarder le calendrier, et envisager de faire leurs valises pour rentrer chez eux. C’est humain. Je ne suis pas persuadé que le vestiaire soit armé, mentalement et footballistiquement, pour se bagarrer tous les vendredis pour assurer la survie d’un club. Pour certains, Amiens n’est qu’un tout petit épisode dans leur carrière. Et ça, c’est à mettre au crédit de l’équipe dirigeante. C’est leur plus grosse erreur. C’est en quelque sorte la perfection dans l’erreur. Face au Red Star, on a eu l’impression que certains ont baissé les bras.
L’Amiens SC joue donc déjà très gros face à Caen, vendredi soir ?
Perdre contre Caen, ce serait le début de la fin. Maintenant, Caen n’a pas d’autre choix que de gagner. Même si c’est dans un autre registre, avec un autre effectif et une autre dose de confiance, ça peut faire penser à Metz, qui était également face à une obligation de résultat. Ce match contre Caen va être révélateur de quelque chose. J’ai envie d’y croire parce que l’Amiens SC va récupérer Mohamed Jaouab et Kylian Kaïboue. Et on a bien vu que Siaka Bakayoko n’avait pas le niveau d’un défenseur de Ligue 2, vendredi. Je veux aussi regarder devant. Sinon, hormis contre Metz, l’analyse est la même depuis quatre ou cinq matches, qui se ressemblent tous, qui sont assez catastrophiques. Amiens doit désormais regarder devant aussi parce qu’il y a quand un combat à mener pour maintenir le club en Ligue 2.
Louis Mafouta en « pleine détresse » ?

Souvent enclin à critiquer Louis Mafouta, Bruno Paris a tenu à prendre sa défense après la défaite contre le Red Star. « Après sa sortie, la caméra s’est attardée sur lui, on a vu un garçon totalement isolé sur le banc. J’ai senti une certaine « détresse ». On l’a mis à l’isolement devant, en lui disant : toute l’attaque est pour toi. On ne lui apporte pas le soutien nécessaire et après on dit « Louis Mafouta n’est pas bon » ? On ne peut pas le cibler de la sorte après un tel match sur le plan collectif. »
Propos recueillis par Romain PECHON
Retrouvez Bruno Paris et l’ensemble des polémistes de La Tribune ici Picardie ce lundi dès 18 heures.

Crédits photo : Christophe Saidi/FEP/Icon Sport
très très bon commentaire. tout est dit.
omar ma tuer……
tout est dit…
à la vue des premières minutes je m’étais dis que certains voulaient défier Daf et remettre son autorité en question…
sur les jeunes , je ne suis pas aussi tranchant que B.Paris..même si ils ne sont que de passage, des Tincres, des Mbaye doivent en montrer plus pour évoluer positivement dans leurs carrieres..
Pour Bakayoko, ses premières apparitions étaient plus convaincantes de son potentiel..mais c’est devenu ,même pour lui, une pénitence de jouer des matchs..mentalement il a lâché..
le maintien s acquiert dans un tout autre état d esprit ça c’est sûr, et le bon début de saison à sans doute emplit des têtes d autre chose et ces joueurs là, ne se remettront pas a l exigence de l obtention d un maintien, qui demande travail et courage à la besogne