Alors que son départ du RC Lens s’est effectué dans un grand bruit de vaisselle cassée chez les supporters lensois, pour beaucoup partagés entre la sensation d’une trahison et une grande admiration pour l’un des entraîneurs légendaires du club, Franck Haise s’est longuement justifié en retraçant très pointilleusement le fil d’un dossier toujours brûlant à l’heure de retrouver Bollaert, ce samedi (17 heures).
Franck Haise, futur à Lens et recherche de maisons…
Cela ne dit pas si le dossier est clos, mais il permet au moins à Franck Haise d’avoir voix au chapitre pour exposer sa version des faits. Au cours d’une enquête approfondie de L’Équipe retraçant de manière détaillée les coulisses de son départ du RC Lens à la fin de la saison dernière, le nouvel entraîneur de Nice s’est justifié. Alors qu’il avait déjà pris la décision de rester à l’issue de la saison 2022/2023 malgré « pas mal de sollicitations, en France et à l’étranger » afin de découvrir la Ligue des champions, le Normand était dans la même optique il y a encore quelques mois, reboosté après s’être délesté en janvier d’un rôle de manager général harassant.
Au printemps, Haise entreprend même des démarches encourageant la thèse d’une poursuite d’aventure. « J’avais visité une maison sur le golf d’Arras, une autre à Anzin-Saint-Aubun, à Mont-Saint-Éloi, liste-t-il. Mon épouse à Duisans (Pas-de-Calais). On en avait regardé une à Mérignies (Nord), au sud de l’aéroport (de Lille-Lesquin). Je n’avais pas fait tout ça avant la fin du championnat pour le plaisir. » Problème : dans le même temps, les échanges entre Joseph Oughourlian (président-propriétaire) et Arnaud Pouille (directeur général) se font beaucoup moins fluides, avec en toile de fond des désaccords de plus en plus récurrents, et une situation directionnelle (Grégory Thil, Frédéric Hébert et Mike Mode sont écartés au cours de la saison) et économique qui agacent l’homme d’affaires de 52 ans.
…avant le tournant du château
C’est dans ce contexte que ce dernier organise une réunion au château de Beaulieu à Busnes (Pas-de-Calais) le 18 avril dernier, avec le DG, l’entraîneur et Benjamin Parrot, ex-directeur de la marque. « C’est un dîner pour voir où on va. Le président voulait de nouveau restructurer le secteur sportif, explique Franck Haise. À ce moment-là, je lui dis que je suis dans une grosse forme d’interrogation. Qu’il existe une possibilité que je parte. Un mois avant, j’étais dans l’esprit de rester. Mais j’avais besoin de clarté. Ce qui a fait la force du club, c’est son unité. Chacun connaissait son rôle, sa place et faisait son travail. J’ai craint que je la perde. »
« Aux termes de discussions houleuses », comme le relate L’Équipe, Joseph Oughourlian décidé d’imposer Diego Lopez au poste de directeur sportif, tandis que le poste d’Arnaud Pouille ne tient plus qu’à un fil. Un choix qui ne passe pas auprès de Franck Haise : « « L’unité, c’est la raison pour laquelle, à la fin, je suis parti très tardivement. J’ai préféré le faire de moi-même plutôt que d’être contraint de le faire six mois ou un an plus tard. J’ai quitté Lens en raison du départ d’Arnaud (Pouille), avec qui j’entretenais une relation de confiance. Je me disais que j’allais encore recommencer de zéro. Je m’étais engagé personnellement avec trois-quatre joueurs dans des visios avant notre dernier match, contre Montpellier (2-2, le 19 mai). Ce n’était pas pour partir quelques jours plus tard. »
L’ex-entraîneur lensois se justifie aussi sur les échanges de SMS, à la minute près, avec son président, conclus de la sorte. « Le 31 mai, à 21 h 24, il (Joseph Oughourlian) m’envoie : “Salut coach, cher Franck, juste un mot pour te remercier pour ces quatre années merveilleuses au club et te souhaiter le meilleur pour le reste de ta carrière, tu le mérites. Je t’embrasse, Joseph” Ma dernière réponse est : “Merci président, sept saisons au total (entraîneur de l’équipe réserve de juillet 2017 à février 2020)”.
De retour à Bollaert, quel accueil pour Franck Haise ?
À cette époque, alors que « l’idée d’une année sabbatique n’a pas duré très longtemps », Franck Haise est déjà sollicité pour rebondir ailleurs. Notamment à Nice. « J’ai eu un premier contact la semaine du 26 mai, révèle l’entraîneur des Aiglons depuis cet été. Avec Fabrice Bocquet (directeur général de Nice), que je connaissais (de Lorient). Les échanges étaient directs, clairs. Super avec le président (Jean-Pierre Rivère). J’ai eu deux autres contacts très intéressants avec deux autres clubs français dans la même semaine. Deux autres pour l’étranger, un anglais et un en Arabie saoudite. Je souhaitais rester en France. J’ai senti assez vite que Nice me voulait vraiment. »
C’est sous les couleurs azuréennes qu’il s’apprête à faire son retour au stade Bollaert. « La seule chose compliquée est de ne pas avoir pu dire au revoir au public, regrette-il. J’étais attaché à Lens. Quand on joue Montpellier, ce n’est pas certain que je parte. J’avais tout préparé pour l’avant-saison. Nous ne sommes qualifiés que pour un tour préliminaire (de Ligue Conférence). C’était très frustrant. D’où la lettre que j’ai adressée (aux supporters). Je pensais que j’allais rester. » Une grande partie du peuple lensois aussi. Ce dernier ne devrait pas l’acclamer à l’unanimité, même si beaucoup espèrent que “coach Haise” sera au moins respecté à hauteur de sa légende.
Crédits photo : Daniel Derajinski/Icon Sport