Incapable de tenir la distance, l’Amiens SC a enchaîné un cinquième match sans victoire face à QRM (3-3), mardi à l’occasion de la 34e journée de Ligue 2. De quoi susciter beaucoup de frustration chez Omar Daf, qui regrette le comportement de son équipe en seconde période. Entretien.
Omar, sur ce match cela ne se résume pas à une simple question d’efficacité…
Quand tu marques trois buts à l’extérieur, normalement, c’est un match que tu dois gagner. La première mi-temps s’est passée comme on le voulait. Je pense que notre organisation a perturbé cette équipe de QRM. On mène 3-1, normalement, avec un peu plus de maîtrise et en jouant plus haut, c’est un match qu’on doit remporter.
En deuxième mi-temps, vous avez donné l’impression d’arrêter de jouer…
Il y a un adversaire qui joue sa peau, qui prend des risques, qui s’est désorganisé et qui a mis beaucoup de poids devant. Je regrette qu’on ait reculé autant, sachant que ça allait donner des options, notamment sur des coups de pied arrêtés avec le jeu de tête de Kalifa Coulibaly. A ce niveau-là, on doit faire preuve de caractère et remonter le bloc beaucoup plus haut. En début de match on savait que cela allait être un combat, que c’était encore l’une de leurs dernières chances. Ces matchs-là sont très difficiles. On savait que cette équipe-là allait livrer ses dernières forces dans la bataille. On l’a bien abordé, on a été sereins et solides. Quand on met trois buts à l’extérieur, c’est un match qui ne doit pas nous échapper.
L’Amiens SC est décidément très fragile mentalement…
Très fragile, je ne dirais pas ça. Auxerre qui est leader du championnat est venu ici et ils ont subi la même pression, ils ont perdu et nous on ne perd pas ce match. Souvent, il faut retenir les bonnes choses. C’est un match où on est très déçus. On a eu la première mi-temps pour nous, cette équipe de QRM a eu la deuxième mi-temps en sa faveur.
Par rapport à d’habitude, aujourd’hui le point faible a été la défense et non l’attaque. C’est paradoxal…
On a du mal à faire les deux cette saison. Soit on est très solides, et là c’est un match où notre option était aussi de libérer Antoine (Leautey) et Mounir (Chouiar) avec la projection de nos joueurs de couloirs. Ça nous a permis d’avoir un peu plus de monde devant. Ce que je regrette, ce n’est pas les intentions mais cette maîtrise qu’on doit avoir. Le match doit être plus facile parce que cette équipe-là doit sortir et derrière il n’y a pas que le fait qu’on ait reculé notre bloc de 10 mètres par rapport à la première mi-temps. Il faut être capable de les sanctionner, de leur faire mal et plier définitivement ce match. On a eu les opportunités en seconde mi-temps avec des actions en supériorité numérique, mais on les a mal jouées.
Sur l’engagement, vous avez quand même eu du mal à rivaliser avec cette équipe de QRM…
Je ne suis pas d’accord avec vous. Cela ne s’est pas joué sur l’engagement. Je pense que cette équipe a mis du monde dans la surface, a accepté de se découvrir. C’était à nous d’être juste, de bien ressortir les ballons et d’aller définitivement plier la rencontre. A partir du moment où ils reviennent à 2-3, le match se relance un peu mais là on ne peut pas parler d’engagement. Bien sûr les matchs sont durs. Le leader qui est passé ici en a pris quatre. Ce que je regrette c’est d’avoir mené 1-3 et de reculer autant. L’analyse de cette rencontre, c’est qu’on a trop reculé.
L’idée n’était donc pas de simplement défendre les deux buts d’avance en seconde période ?
Je pense que vous êtes des spécialistes, vous connaissez très bien le football. Le Real Madrid, qui est une des meilleures équipes au monde, face à City, a reculé parce que l’adversaire te pousse à reculer. Là, cet adversaire a de la qualité, quand on le dit les gens nous prennent un peu pour des fous. On voulait rester haut. On avait notre stratégie qui a bien fonctionné sur la première mi-temps. Sur la deuxième mi-temps on n’a pas pu remonter le bloc et on discutera pour trouver les raisons. L’entrée de Coulibaly leur a donné aussi un point d’appui sur les coups de pied arrêtés.
Vous avez parlé de City et du Real mais Amiens qui voulait prétendre au top 5 souffre autant contre QRM, une équipe relégable après 34 journées. Est-ce normal ?
Qui vous a dit que c’était normal ? Je vous donne juste des exemples. J’explique que cette équipe joue sa survie et son va-tout. Cette équipe a pris énormément de risques, donc quand on mène 1-3 est-ce qu’on se découvre ? Non, on est intelligents. Donc je pense juste qu’il y avait une gestion à avoir. Il faut être plus solides dans les phases arrêtées. Il y a eu 5-10 mètres de trop et il faut avoir la capacité de maintenir ce bloc un peu plus haut pour éviter ces situations à répétition car cela peut être dangereux et c’est ce qui s’est passé.
Cela fait beaucoup de points perdus contre les équipes du bas…
On est capable de battre les trois premiers du championnat, Saint-Etienne aller-retour, de battre Angers, de battre Auxerre. Je pense que c’est dans ce genre de match, comme face à QRM, qu’on a perdu des points. Ce genre de confrontation fait qu’on n’a pas pu recoller avec les équipes du haut. Si on veut ambitionner autre chose, il faut être capable de plier ce genre de rencontres.
Vos changements sont arrivés assez tardivement alors que certains souffraient physiquement, vous n’aviez pas confiance en vos remplaçants ?
Vous rigolez ou quoi ? On fait de changements en fonction de ce que je vois et de ce que j’analyse. Je pense que ce n’était pas le moment de déstabiliser notre équipe, surtout par rapport au jeu de renversement et de tête de Kylian (Kaïboue) pouvait nous apporter. Cette équipe s’est renforcée sur ce domaine aérien. Frank était fatigué aussi et on ne pouvait pas perdre de forces à niveau là.
Propos recueillis par Romain PECHON
Crédits photo : Baptiste Fernandez/Icon Sport
Trouver toujours et encore des excuses cette équipe est minable sans âme c est honteux pour les supporters.