Parmi les joueurs les plus expérimentés de l’effectif du VAFC, Anthony Knockaert a déjà connu le bonheur de disputer une demi-finale de coupe nationale, en 2019 avec Brighton. Désireux d’aller au bout de l’aventure cette fois-ci, l’ailier de 32 ans ne compte rien laisser au hasard contre Lyon, le 2 avril prochain. Entretien.
Anthony, comment abordez-vous cette demi-finale de coupe de France à Lyon ?
Si quelqu’un n’a pas envie de jouer un match comme ça, il doit arrêter le football, changer de sport ! Au niveau de l’envie, on sera à 100%. Maintenant, ça ne fait pas tout. Il faudra aussi respecter le plan de jeu du coach. On n’aura pas le droit à la moindre erreur, on sait que ça paiera cash. Il faudra leur donner le minimum et, offensivement, jouer les coups à fond et espérer avoir 100% d’efficacité pour faire un exploit là-bas. Il va falloir se surpasser, faire le match de sa vie.
Vous avez déjà joué une demi-finale de FA CUP. Quelle est la place de ce match dans votre carrière ?
Une place énorme. C’est un souvenir inoubliable. En plus, j’ai la chance d’être élu homme du match. C’était un match assez plein, il a juste manqué le résultat avec cette défaite 1-0 (ndlr : face à City en avril 2019). J’étais fier de moi, de l’équipe. On avait fait une très grosse performance, mais c’est encore plus frustrant de ne pas passer quand ça se passe comme ça. Cela reste un moment inoubliable, d’autant que c’était à Wembley, devant 90 000 spectateurs.
En quoi peut-il vous servir dans l’approche de cette demi-finale de coupe de France qui peut susciter de la pression ?
Personnellement, je n’aurais pas de pression. J’ai connu le très haut niveau. Sans faire le mec sûr de lui, j’ai de l’expérience et je pense que ce sera un match normal à jouer. L’occasion est belle, il y a une finale au bout. En tant que compétiteur, forcément que je vais être à 100% dans tous les aspects. C’est assurément un match à jouer à fond, mais il n’y aura pas de stress par rapport à l’adversaire. C’est avant tout un match de football. Par contre, c’est vrai qu’on a une équipe jeune, il va donc falloir trouver les mots pour que tout le monde reste calme. Maintenant, le groupe est mature et à l’écoute. Je pense qu’on va réussir à les motiver comme il faut. S’ils en sont là, c’est qu’ils le méritent. Il faut croire en ses qualités, relativiser l’adversité. En face, ils ont deux bras, deux jambes comme nous. Sur un match, on ne sait jamais, surtout qu’il n’y a pas de prolongations. Il faut simplement jouer le coup à fond et on verra.
Au-delà de ce match contre City, quel souvenir gardez-vous du parcours jusqu’à cette demi-finale ?
Il me semble qu’on avait éliminé Bournemouth, qui était en Premier League. J’avais marqué. Ensuite, on avait joué des équipes à notre portée, mais cela reste des matches à jouer. Cette saison, on voit que Rouen a éliminé Monaco. C’était un beau parcours. C’est encore plus frustrant qu’on avait sans doute une carte à jouer contre Watford en finale. On les avait battus deux fois dans la saison. Cela ne veut pas dire qu’on allait gagner, mais c’était abordable.
Ce parcours peut-il faire un peu écho à celui de Valenciennes cette saison en coupe de France, avec là encore une demi-finale contre une grosse écurie ?
C’est vrai qu’on a eu un tirage plutôt favorable. Maintenant, on a vu que ce n’était pas simple à chaque fois. A Saint-Priest (ndlr : match joué à Bourgoin-Jallieu), le terrain était catastrophique. On savait aussi que l’atmosphère était compliquée. Il faut savoir gagner ce genre de match, sans caractère et détermination, tu passes à la trappe. Il fallait simplement être professionnel, bien faire le travail, on a su le faire depuis le début.
A Rouen, au tour précédent, vous avez failli être le héros malheureux du match avec ce penalty concédé. Comment avez-vous vécu ce moment ?
C’était stressant jusqu’aux tirs au but. C’est un fait de jeu, je sais que j’aurais dû la dégager. C’est facile d’extrapoler une chose sur un fait de jeu. Je peux aussi me dire qu’on aurait dû marquer davantage, mener 2 ou 3-0 à ce moment-là. Il y avait eu 90 minutes pour se mettre à l’abri. En lui-même, le geste n’est pas raté, je réussis mon sombrero. C’est au moment de dégager, je ne vois pas le mec qui arrive par derrière et je lui frappe la jambe. C’est vrai que je peux dégager tout de suite, mais je rate mon contrôle et je n’ai pas d’autre choix. C’est en voulant dégager que… C’est passé, maintenant. Les erreurs, ça arrive.
Même s’il y a un match de Ligue 2 contre Saint-Etienne samedi, cette coupure est-elle bénéfique pour pleinement préparer cette demi-finale ?
Cela a fait du bien mentalement. On avait besoin de couper. La saison est longue et ce sera encore long avec ce qui se passe en championnat. On a pu se ressourcer en famille, penser à autre chose, avant de repartir à fond pour cette grosse semaine.
Sachant la situation en championnat, ce match contre Saint-Etienne est-il abordé comme un tremplin vers la coupe ?
On ne le délaisse pas, ça c’est certain. On ne va pas jouer ce match en se disant qu’on va le perdre. Avant Guingamp, on restait sur deux bons résultats contre Auxerre et Angers. A Guingamp, je pense qu’on a fait un non-match. On est passé à côté de notre match, on encaisse le premier but trop tôt. Quoi qu’il arrive, on donne le maximum sur chaque match. Après peut-être, qu’inconsciemment, sachant qu’on a une équipe jeune, il y en a beaucoup qui commencent à penser plus à Lyon qu’à Saint-Etienne. Je ne sais pas. C’est aussi logique. Si j’avais 18 ans, je pense que mon objectif premier serait de jouer Lyon. Maintenant, c’est au groupe de rester concentré sur ce match contre Saint-Etienne. Cela peut aussi permettre de gagner en confiance avant d’aller à Lyon.
Qu’est-ce qui peut faire la différence en votre faveur sur ce match par rapport à cette équipe de Lyon ?
L’envie, la détermination. Si on l’a moins, ce sera une faute professionnelle. Ce n’est pas possible d’arriver là-bas en étant moins déterminés qu’eux. Je dis tout ça en les respectant. En tout cas, on n’a pas le droit de se permettre d’avoir moins envie qu’eux. On reste aussi une équipe professionnelle, on a aussi un statut à défendre, on a des joueurs avec des qualités.
L’annonce de l’organisation de la finale à Lille est-elle une source de motivation supplémentaire, encore plus pour vous, le Nordiste de naissance ?
C’est extraordinaire. En cas de finale, je sais que toute ma famille sera là. Je vais aller à Lyon avec toutes mes tripes, tout ce que j’ai dans mon corps, dans mon âme. Maintenant, avant de penser à ça, il faut déjà battre Lyon. On pourra reparler de ça après le match. Ce qui est sûr, c’est que je préfère la finale à Lille qu’au stade de France.
Propos recueillis par Enzo PAILOT avec Romain PECHON
Crédits photo : Anthony Bibard/FEP/Icon Sport