Incapable de forcer le verrou contre Ajaccio (0-0), l’Amiens SC a dû se contenter du point du nul, ce mardi pour le compte de la 8e journée de Ligue 2. De quoi amener Omar Daf à mettre la pression sur ses joueurs offensifs, après ce troisième match sans faire trembler les filets. Entretien
Omar Daf, ce match ne méritait pas mieux que ce triste 0-0…
Vu le nombre de situations franches qu’on se procure, le nul est logique. On a poussé, les garçons ont encore fait beaucoup d’efforts, au niveau de l’état d’esprit on ne peut pas leur reprocher grand-chose, mais il a manque de la spontanéité pour se procurer des occasions plus dangereuses.
Offensivement, ce serait réducteur de dire que l’absence de Gaël Kakuta a eu un gros impact ?
L’absence de Gaël (Kakuta) a eu une influence certaine, cela aurait pu nous permettre de débloquer certaines situations grâce à sa qualité de passe. Des joueurs ont eu l’occasion de jouer, ça a changé complètement notre style. C’est aussi aux entrants de saisir l’occasion, de montrer plus que ce qu’ils ont montré ce soir.
Ce match avait bien démarré, avec du dynamisme, de l’enthousiasme et tout ça a vite disparu…
L’adversaire s’est aussi adapté à ce qu’on avait sur le terrain. On a manqué d’audace, de percussion, de folie. Les intentions étaient là, mais on n’a pas été suffisamment dangereux pour gagner ce match. Ajaccio cherchait à se rassurer, mais on savait qu’il y avait de la place sur les côtés. La différence s’est faite là, on a centré une vingtaine de fois, mais ça manquait de précision, de la qualité dans la dernière passe.
Hormis Antoine Leutey sur son côté droit, on cherche encore d’où le danger pouvait venir sur ce match…
J’avais fait le choix de décaler Louis (Mafouta) sur le côté et de mettre Andy (Carroll) dans l’axe. Ça pouvait nous apporter aussi deux joueurs offensifs dans la surface pour être plus dangereux. Maintenant, il faut savoir les alimenter et ça n’a pas été le cas. Offensivement, c’était insuffisant pour pouvoir gagner cette rencontre.
Justement, qu’avez-vous pensé de la première titularisation d’Andy Carroll ?
Il a pesé avec son style, il nous a permis de gagner pas mal de duels aériens. On sait ce qu’on gagne et ce qu’on peut perdre aussi quand il est là. Je trouve qu’il a joué avec ses qualités, à nous aussi de savoir en profiter. Ce que je regrette, c’est le manque de présence et de situations dans la surface. Il a manqué d’un relais au coeur du jeu pour pouvoir alimenter nos actions.
Ce troisième match consécutif sans but vous inquiète-t-il ?
Non, pas du tout. Quand on en met quatre, on ne se prend pas la tête plus que ça. Le match est difficile et on a un penalty qui peut le faire basculer. Contre Valenciennes, on a eu des situations. Ce sont des séries et, dans ces moments-là, il faut avoir le mérite de ne pas perdre ce genre de rencontre.
Vous n’avez donc pas le sentiment que votre équipe commence à marquer un peu le pas ?
Je pense que l’énergie est toujours là. Ajaccio a été mis en difficulté, asphyxié durant la rencontre, notamment en première période. Ils n’ont pas eu l’occasion de s’exprimer. Ce qui manque, c’est la qualité dans l’avant-dernière et la dernière place. Il faut aussi prendre plus de risques offensivement. Il y a des moments où on peut centrer en première intention, frapper. Il faut réussir à retrouver cette spontanéité sur le dernier geste.
Le risque n’est-il pas que les attaquants commencent à être gagnés par une forme d’impuissance ?
Non, ce sont des séries aussi. On connaît la qualité des joueurs à notre disposition. Il y a des adversaires aussi qui jouent différemment. Il faut aussi que certains garçons élèvent leur niveau de jeu, proposent autre chose, surtout sur le plan offensif. Le reste, on est là, on ne laisse pas beaucoup de situations à l’adversaire. Maintenant, quand on joue de la sorte, qu’on se projette autant, il faut accepter que l’adversaire ait quelques situations de temps en temps. Dans les intentions, on ne peut pas reprocher grand-chose aux garçons.
Parmi les offensifs qui déçoivent depuis le début de saison, ni Abdoul Tapsoba ni Amadou Ciss n’étaient sur la feuille de match. Ce sont avant tout des choix de votre part ?
Pour (Abdoul) Tapsoba, c’est vraiment un choix. Pour Amadou (Ciss), il a repris il y a deux jours, c’était trop juste. Mathis Touho revenait du Covid et il ne pouvait pas jouer plus d’une demi-heure. Pour Maxime (Do Couto), on l’amène progressivement et on a vu que son entrée était intéressante, apportant du dynamisme entre les lignes. On essaie de donner du temps de jeu à tout le monde, en étant le plus juste possible. Si certains ne donnent pas satisfaction, on va donner la chance à d’autres. On connaît nos axes d’amélioration, on sait qu’il faut être très rapide pour les transitions pour pouvoir punir nos adversaires.
Depuis le début de saison, c’est souvent sur transition justement que vous êtes dangereux. C’est beaucoup plus compliqué sur attaque placée, dans le jeu combiné. Vous pouvez vraiment être performant dans la durée en misant autant sur les transitions ?
Les adversaires se replacent très vite. De nombreux buts dans ce championnat sont marqués sur coups de pied arrêtés ou sur transition. Au niveau de la maîtrise, on a encore la possession sur ce match (ndlr : 51% après 47% contre Valenciennes et 48% contre le Paris FC), mais ce n’est pas ça qui fait gagner les matches. On est capable de jouer en attaque placée, mais il faut plus de percussion, d’audace et de prise de risques.
Propos recueillis par Romain PECHON
Crédits photo : Dave Winter/FEP/Icon Sport