Avec dix arrivées pour une quinzaine de départs, le mercato estival de l’Amiens SC a encore été riche en mouvements. Amené à en dresser le bilan, John Williams s’est voulu « plutôt satisfait » du travail effectué. Entretien.
John Williams, estimez-vous que ce mercato estival de l’Amiens SC est accompli ?
Accompli, on verra au mois de mai. Un mercato, ce n’est pas seulement signer un joueur ou le juger après un ou trois matches. L’idée directrice était de répondre aux attentes du coach en termes de football, qu’ils aient toutes les options tactiques sous sa main. La deuxième chose était aussi de répondre aux objectifs plus globaux du club. L’an dernier, on avait la deuxième équipe la plus jeune de Ligue 2. Cette année, on a fait le choix de changer de logiciel, en apportant plus de maturité à l’effectif. Sur la durée d’une saison, c’est un critère important. Ce sont donc les deux fils conducteurs qui ont guidé notre mercato.
Tous les objectifs fixés en interne ont donc été atteints ?
Presque tous. On aurait souhaité peut-être un ou deux départs supplémentaires. Les joueurs en question ont eu des opportunités, mais ils n’ont pas accepté de partir. Sinon, on est plutôt satisfait de ce qu’on a fait par rapport aux objectifs fixés au début du mercato. On voulait retrouver une certaine identité collective avec Bernard (Joannin).
Votre seul regret est donc que le groupe à la disposition d’Omar Daf soit encore trop dense ?
Ce n’est pas un regret, ce n’est pas le terme. On a des joueurs qui ne souhaitent pas saisir certaines opportunités, on ne va pas leur mettre le couteau sous la gorge. On pensait que c’était une bonne chose pour eux, pour se développer. Je pense notamment à un joueur comme Darell Topka (ndlr : Tokpa) qui aurait pu partir et qui n’a pas souhaité le faire. En attaque, je pense qu’on a assez de monde pour jouer et il n’y a pas vraiment de place pour lui. C’est son choix, on le respecte et on va honorer le contrat qu’on a avec lui.
Sur le poste de latéral gauche à l’Amiens SC, le bon début de saison de Kassoum Ouattara vous rassure ? Sachant qu’Omar Daf avait évoqué son désir de faire venir un latéral gauche courant juillet…
Ce n’est pas tout à fait ça. Si Kassoum Ouattara était amené à partir, on aurait pris un latéral gauche. Il n’y a jamais eu le besoin de prendre un latéral gauche. Kassoum était en équipe de France U19 l’an dernier, il est actuellement en équipe de France U20. Il n’y avait pas de sens de recruter à ce poste. On est en Ligue 2 et on a la chance d’avoir un joueur en équipe nationale. On n’allait pas recruter pour le bloquer. On doit l’accompagner, le développer. C’est aussi la vocation de notre club. Kassoum a été sollicité, mais en accord avec lui et son entourage, on a décidé qu’il resterait à Amiens cette saison. A partir de là, il n’y avait plus de discussion sur le fait de faire venir quelqu’un pour le poste de latéral gauche. On a discuté avec des joueurs, mais on n’aurait jamais appuyé sur le bouton si Kassoum n’était pas parti. On n’a donc pas attendu qu’il fasse quatre matches cette saison pour découvrir ses qualités.
Ne manque-t-il pas un profil plus rapide devant ?
Je pense qu’on a déjà un profil de joueur rapide avec Tapsoba, qui peut jouer dans l’axe. Il y a pas mal de polyvalence chez nos joueurs. On a aussi Mathis Touho qui peut apporter de la vitesse à la pointe de l’attaque.
Hormis un ou deux joueurs, votre mercato est marqué par le recrutement de joueurs francophones. C’était une volonté ?
On avait une vraie volonté d’avoir un maximum de deux langues, le français et l’anglais et d’avoir des joueurs bilingues. On a vraiment insisté pour la cohésion d’équipe. On a essayé de « catégoriser » nos joueurs en termes d’âges, de groupes, pour que personne ne soit isolé et pour qu’il y ait de l’interaction entre les groupes.
Vous avez évoqué un changement de logiciel, dont vous avez donné les contours. Ce choix découle-t-il de la fin de saison dernière, avec un maintien acquis à l’avant-dernière qui a servi d’électrochoc à la direction de l’Amiens SC, qui pouvait donner le sentiment de jouer avec le feu ?
Pas du tout ! C’est un contexte beaucoup plus global. Il y a eu la déception du Covid qui fait qu’on n’a pas pu terminer le championnat quand on était encore en Ligue 1. A partir de là, on est parti sur un projet un peu différent. Il fallait déjà sécuriser le club sur le plan économique. En termes de classement, on se rend compte qu’on a fait à peu près la même chose depuis trois ans. C’est juste que l’adversité était un peu plus haute ou un peu plus basse.
Je ne contrôle pas comment les autres travaillent, par contre le nôtre a été similaire d’une année sur l’autre. Le changement de logiciel, c’est parce qu’on a estimé que le club était stabilisé financièrement. C’est le fruit de ventes qui débouchent du recrutement effectué en Ligue 2 ces dernières années. On peut donc se permettre de prendre des joueurs plus matures, ce qui veut dire des joueurs un peu plus chers, pour vivre un championnat différents et avec des ambitions peut-être différentes en termes de culture collective.
Le mercato de l’an dernier, globalement raté puisque des joueurs ont déjà quitté le club comme Chibozo et Bandé et que d’autres ont eu la porte grande ouverte comme Barry ou Ring, vous a amené à changer votre fusil d’épaule dans la préparation du mercato de cette saison ?
Comment dire… Il y a eu un changement d’entraîneur un changement de philosophie de jeu. Ce sont donc des profils recrutés pour un système et qui ne sont pas forcément efficients dans un autre. Sur les cas personnels, Chibozo est notre troisième meilleur passeur l’an dernier (ndlr : 3 passes décisives), je ne suis pas sûr que ce soit un échec. Si on prend son ratio temps de jeu/efficacité, c’est le meilleur passeur du championnat l’an dernier. Je ne pense pas que ce soit un échec…
Pourquoi a-t-il si peu joué alors avec trois entraîneurs différents à la tête de l’Amiens SC (ndlr : Philippe Hinschberger, Patrice Descamps et Omar Daf) ?
On jouait en 3-5-2 l’an dernier (ndlr : cette saison Amiens joue en 4-2-3-1, avec des ailiers), il n’y a pas d’ailier et Josué (Chibozo) est un joueur de développement, il n’était pas prévu pour faire 38 matches dans la saison. Quand on le signe, c’est pour un projet à moyen terme, ce qui est aussi notre vocation, notre projet de club. Sur le peu de minutes qu’il a eues, dans un système sans ailier, je pense qu’il était hyper performant. Cela a été le meilleur joueur a son poste en matière d’efficacité. On l’a prêté au Portugal mais sans option d’achat, ce n’est donc pas pour s’en débarrasser. C’est simplement pour qu’il revienne encore plus fort dans une saison.
Et en ce qui concerne Hassane Bandé et Abdourahmane Barry ?
Hassane Bandé était un joueur en surplus. Avions-nous besoin de lui ? Non. On s’est mis dans le confort quand on a pris la décision de le prendre. Cela a été un échec pour lui et pour nous. On a donc retenu qu’on n’avait pas besoin de se mettre dans le confort. En ce qui concerne Barry, il est arrivé pour remplacer Formose (Mendy) et il n’est pas parti. Cela a été un peu dur à vivre pour lui. Cette année, avec le nouveau coach, on a estimé qu’il fallait partir sur quelque chose de différent. On lui a donc signifié qu’on allait recruter un défenseur. Il a eu des opportunités pour partir aussi, il a fait le choix de rester. Cela prouve aussi qu’il a encore une valeur sur le marché. Maintenant, c’est aussi un choix familial, il n’avait pas envie de quitter sa proximité avec la région parisienne.
Le mercato n’étant pas encore fermé partout, peut-on encore s’attendre à des départs ?
Il peut peut-être encore y avoir des départs au sujet de joueurs qui ne sont pas dans le projet actuellement. Ce serait dans le but de réduire le groupe, mais ce n’est pas une discussion qui existe actuellement.
Quels sont les objectifs pour l’Amiens SC cette saison ?
Du premier au vingtième, je pense que tout le monde a l’objectif de monter en Ligue 1, maintenant il n’y en a que deux qui sont assurés de monter, trois qui vont jouer les barrages et quatre qui vont descendre. Cette saison, on a deux missions : se rapprocher de notre public, cela passe par de la combativité et de l’engagement, et travailler dur chaque semaine pour optimiser notre potentiel et se donner les chances de gagner le maximum de matches possible. A la fin de la saison, il faudra se demander si on a optimisé ou non le potentiel de l’équipe. On peut avoir atteint notre maximum et tomber sur des équipes simplement plus fortes que nous.
Propos recueillis par Romain PECHON
CHIBOZO pas un échec! quel entêtement à dire des bêtises!
Quant à la notion de « confort », je ne la comprends pas, avec les 5 changements et les matches de 100 minutes, tu as besoin d’un banc de qualité, JW ne raisonne toujours que par rapport aux 11 joueurs qui débutent, c’est absurde, BANDE c’est pas une question de « confort » qu’on aurait trop recherché, c’est juste qu’il est perdu pour le foot de haut niveau, il n’y arrive même pas en Finlande! Le recrutement est correct cette saison, mais il manque un ailier de vraie percussion et le fameux latéral gauche car jamais OUATTARA ne fera 38 matches!
et on va le récupérer Chibozo ^^